22.3.08

Halte à l'impérialisme français


Selon le Times, le Président Sarkozy, qui se rendra à Londres mercredi pour une visite d'Etat, devrait annoncer au Premier Ministre britannique Gordon Brown que la France est prête à envoyer 1 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Cette annonce ne devrait être officialisée que lors du sommet de l'OTAN, qui aura lieu du 2 au 4 avril à Bucarest.
Quant au Ministre Kouchner, il s'interroge seulement sur le lieu exact de déploiement de ces renforts: "Le choix n'est pas encore opéré entre l'est et Kandahar" a-t-il affirmé lors d'une réunion avec ses homologues de l'OTAN.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Discours de Sarko vendredi 21 mars à Cherbourg, à l’occasion de la présentation du sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) Le Terrible. Extraits :

« Désormais, la sécurité des Français est susceptible de se jouer autant loin de nos frontières qu'à l'intérieur du territoire. »

« Chacun doit être conscient aujourd'hui que les missiles nucléaires de puissances mêmes lointaines peuvent atteindre l'Europe en moins d'une demi-heure. Aujourd'hui, seules les grandes puissances disposent de tels moyens. Mais d'autres pays, en Asie ou au Moyen-Orient, développent à marche forcée des capacités balistiques. Je pense en particulier à l'Iran. »


Mais plus loin :


« je confirme qu'aucune de nos armes n'est ciblée contre quiconque. »


« C'est pour cela que nous tenons à notre dissuasion nucléaire. Elle est strictement défensive. L'emploi de l'arme nucléaire ne serait à l'évidence concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense, droit consacré par la Charte des Nations unies. »


Mais plus loin :


« Nous ne pouvons exclure qu'un adversaire se méprenne sur la délimitation de nos intérêts vitaux ou sur notre détermination à les sauvegarder. Dans le cadre de l'exercice de la dissuasion, il serait alors possible de procéder à un avertissement nucléaire qui marquerait notre détermination. Il serait destiné à rétablir la dissuasion. »

Philippe a dit…

Bien vu! Comme pendant sa campagne, chacun peut y lire ce qu'il veut...

Un article intérssant sur l'Afghanistan:

Le bourbier afghan
(Frédéric Delorca)

L'Afghanistan, combien ça coûte ? Et pour faire quoi ?

Il était question récemment que Paddy Ashdown, ex-chef du parti Libéral démocrate britannique et Haut représentant de l’Onu (c'est-à-dire proconsul occidental) en Bosnie-Herzégovine de 2002 à 2005, soit nommé à Kaboul comme représentant des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’Otan, un poste que Bernard Estrade sur geopolitique.com qualifie de poste de « vice-roi » pour encadrer le président afghan Hamid Karzaï. Celui-ci s’est opposé à cette nomination au dernier sommet de Davos. Les relations entre Karzai et ses parrains occidentaux ne sont pas au beau fixe en ce moment et les accrochages sont fréquents ( http://www.geopolitique.com/editorial/les-strategies-pour-l-afghanistan-prennent-des-airs-de-farce.html)

Il est vrai que, sur le terrain, la guerre afghane ne tourne pas à l’avantage des « forces de la coalition ». La coordination des armées laisse à désirer : les troupes commando contrarient parfois directement les efforts de pacification des forces sous mandat international qui ne sont pas toujours informées de leurs mouvements, les militaires britanniques se plaignent de la brutalité des opérations des Américains qui, à leur tour, reprochaient aux premiers de fournir des armes à la population locale sous prétexte de créer une milice.

Excédé, Stephen Harper, le premier ministre du Canada, vient d’annoncer que, à moins que l’Otan n'envoie des renforts en hommes et en matériels, il retirerait de la région de Kandahar, les 2500 soldats canadiens qui y sont déployés (http://www.news.com.au/story/0,23599,23168047-23109,00.html).

Selon une enquête du Congressional Research Service de 2006 la guerre d’Afghanistan avait coûté aux Etats-Unis 97 milliards de dollars depuis 2001 (contre, il est vrai 379 pour la guerre d’Irak) - http://www.boston.com/news/world/articles/2006/09/28/cost_of_iraq_war_nearly_2b_a_week/?page=2.
On comprend d’ailleurs avec cela pourquoi le budget militaire états-unien explose une nouvelle fois cette année – 515,4 milliards de dollars (http://blog.wired.com/defense/2008/02/annual-pentagon.html) Des chiffres à rapprocher de la remarque de Wim de Ceukelaire et Bert de Belder dans l’Atlas alternatif : Sauver 8 millions de personnes dans le monde (dont 6 millions d’enfants) de maladies aisément évitables et guérissables ne coûterait pas plus de 35 milliards de dollars.

Il n'est guère possible de connaître le coût de l'occupation pour les pays européens. Un journaliste italien citait le chiffre de 300 millions d'euros par an pour son pays en 2006 http://agircontrelaguerre.free.fr/article.php3?id_article=479.

Le secrétaire à la défense états-unien Robert Gates a écrit il y a peu au gouvernement allemand pour l’inciter à envoyer des soldats dans les zones de combat en Afghanistan. Mais celui-ci n’est guère enthousiaste. Comme c’est souvent le cas en Europe de nos jours, outre-rhin le principal avocat de l’envoi des soldats allemands au casse-pipe est un élu du centre-gauche, Hans-Ulrich Klose, Vice Président de la commission des Affaires Etrangères au Bundestag (Reuters 5 février 2008 http://wiredispatch.com/news/?id=33838), un homme qui pourtant sur d’autres théâtres d'opération, face à la Russie notamment, sait se montrer plus modéré (http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1059 ).

Le président français Sarkozy, qui avait pourtant déclaré pendant la campagne présidentielle (le 26 avril 2007) que «la présence à long terme des troupes françaises» ne lui semblait «pas décisive» s’est rendu à Kaboul en décembre dernier avec André Glucksmann et Rama Yade et a annoncé un «renforcement» de la présence française, sans s’engager sur un nombre d’hommes précis (ils étaient à cette date 1 900, contre 7 700 Britanniques, 3 200 Allemands et 14 000 Américains) - http://www.liberation.fr/actualite/monde/300034.FR.php?rss=true.

Mme Condolezza Rice en visite à Kaboul avec son homologue britannique cette semaine a éprouvé le besoin de démentir l’existence d’une crise dans la coalition, ce qui en soi confirme la persistance pour le moins d'un "problème afghan" dans le camp occidental.

Le nombre de civils morts dans cette guerre n’est pas connu. Les USA ont perdu jusqu’ici plus de 260 soldats (http://cryptome.org/mil-dead-iqw.htm), la France 14. La guerilla talibane est de plus en plus en position de force dans le sud du pays, tandis que le gouvernement afghan, pour lesquels les Occidentaux sont censés se battre, demeure, lui, aussi éloigné que possible des critères "démocratiques" qui ont servi de justification officielle à cette guerre. Une anecdote illustre ce fait. Un étudiant en journalisme de 23 ans, Sayed Pervez Kambaksh, a été condamné à la peine de mort pour insulte à l'Islam pour avoir téléchargé un rapport sur les droits de la femme sur un ordinateur de l'université de Balkh. Le sénat afghan a validé cette condamnation à mort, et il a fallu une forte mobilisation internationale, dont une lettre de la haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Louise Arbour, pour que le gouvernement de Kaboul, le 5 février dernier, annonce qu'il n'y aura pas d'exécution (http://www.independent.co.uk/news/world/asia/afghan-government-official-says-that-student-will-not-be-executed-778686.html). Le niveau de protection des libertés individuelles en Afghanistan reste aussi bas, voire plus faible qu'en Iran, pays dans le collimateur des Occidentaux en ce moment.

Publié le 08/02/2008 sur le blog atlasalternatif.over-blog.com

Philippe a dit…

Mille soldats français en renfort dans l'Est afghan
LE MONDE | 31.03.08 | 14h31 • Mis à jour le 31.03.08 | 14h31

Nicolas Sarkozy n'a pas réservé la primeur de sa décision pour les 25 partenaires de la France au sein de l'Alliance atlantique, qu'il retrouve, du 2 au 4 avril, à Bucarest (Roumanie), à l'occasion du sommet de l'OTAN. L'envoi d'un millier de soldats français supplémentaires dans l'est de l'Afghanistan relève désormais du secret de Polichinelle, le président français l'ayant annoncé aux Américains et au premier ministre britannique, Gordon Brown, lors de sa visite d'Etat à Londres, le 26 mars.

Cet effet d'annonce à retardement contribue à nourrir l'exaspération des parlementaires, mis devant le fait accompli. La décision du chef de l'Etat a été prise après moult hésitations quant au choix de la région - le sud ou l'est de l'Afghanistan - où ce contingent sera déployé, probablement début juillet. La logique opérationnelle aurait voulu que le Sud soit choisi : c'est dans les provinces d'Helmand et de Kandahar qu'ont lieu les combats les plus intenses contre les "insurgés" talibans, et c'est donc là que le besoin de renforts est le plus pressant.

Les Canadiens, qui assument le commandement de la région de Kandahar, se sont livrés à une intense campagne de lobbying, ces dernières semaines, notamment auprès des autorités françaises, menaçant de retirer leurs troupes du Sud afghan en 2009 faute de recevoir un renfort d'un millier de soldats. Plusieurs raisons ont poussé la France à opter pour l'Est, où l'action de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) sont limitées, la région étant surtout le théâtre des opérations de contre-insurrection menées par l'opération "Enduring Freedom" ("Liberté immuable"), sous commandement américain.

Les renforts français ne feront pas partie de "Liberté immuable", à l'exception peut-être des quelque 200 hommes des forces spéciales que Paris devrait déployer dans la région, où elles étaient déjà sous ce commandement de juillet 2003 à décembre 2006. Cette connaissance du terrain est l'une des raisons du choix de l'Est, où la France dispose déjà de quatre équipes d'environ 50 instructeurs chacune chargées de l'encadrement des forces afghanes.

DÉCLARATION POLITIQUE

Si l'état-major des armées privilégie l'option de l'Est, c'est pour des raisons de cohérence et d'efficacité : il sera plus facile de ravitailler ce millier d'hommes à partir de Kaboul, d'où la France commande la région Centre, en alternance avec l'Italie et avec la Turquie. Sur le plan politique, l'Est a également l'avantage de conforter le rapprochement franco-américain.

Paris dispose déjà de 1 600 hommes sur le théâtre d'opérations afghan (avec ceux qui sont basés à Douchanbé, au Tadjikistan) et de près de 2 200 si l'on y ajoute les forces embarquées sur des navires français dans le cadre du volet maritime de "Liberté immuable". Le Canada aura cependant gain de cause : sur les quelque 2 200 marines américains qui sont déployés dans le Sud jusqu'à octobre, un millier d'entre eux devraient rester dans la région à l'issue de ce délai. Bien que la décision d'envoyer un millier de soldats supplémentaires en Afghanistan soit loin de faire l'unanimité dans les milieux politiques français, le choix de l'Est permet de suggérer que les Français seront moins exposés que dans le Sud.

La position de Nicolas Sarkozy sera en outre facilitée par l'adoption, à Bucarest, d'une déclaration sur la stratégie politico-militaire qui reprend largement les quatre priorités françaises en faveur d'une "approche globale" pour tenter de sortir l'opération militaire occidentale en Afghanistan - forte de près de 60 000 hommes - de son enlisement actuel :

1. Les Alliés vont réaffirmer leur engagement militaire à long terme dans ce pays.

2. L'"afghanisation" du conflit va être soulignée, avec la perspective de la prise en charge partielle, par l'armée afghane, de la région de Kaboul dès cet été : le président afghan, Hamid Karzaï, devrait l'annoncer à Bucarest.

3. L'OTAN va insister sur la nécessité d'une approche "globale", associant l'action militaire aux efforts de développement et de reconstruction.

4. La dimension régionale du conflit, c'est-à-dire pakistanaise, va être soulignée.

Cette déclaration politique insistera sur les progrès accomplis par l'Alliance atlantique en Afghanistan. Elle sera complétée par un document plus détaillé mais "classifié" (donc non rendu public) qui, sans modifier le plan d'opération de l'OTAN, fixera les étapes d'un calendrier étalé sur cinq ans, avec des objectifs à atteindre, notamment en ce qui concerne la montée en puissance de l'armée afghane et la lutte antinarcotique. Pour Nicolas Sarkozy, ce processus a l'avantage d'indiquer une perspective de "sortie de crise", même si elle apparaît fort lointaine.

Laurent Zecchini
M. Sarkozy s'expliquera sur le rapprochement avec l'OTAN

Lors du sommet de l'OTAN à Bucarest (Roumanie), du 2 au 4 avril, Nicolas Sarkozy devrait expliquer le sens de sa démarche consistant à "rapprocher" la France de l'OTAN, c'est-à-dire à envisager un retour au sein de la structure militaire intégrée de l'Alliance atlantique. Paris espère qu'en retour, le président George Bush, jusqu'ici réticent, reprendra à son compte les récents propos positifs sur la défense européenne tenus par son ambassadeur à l'OTAN. La décision française, qui pourrait aboutir au moment du 60e anniversaire du Traité de l'Atlantique nord, en avril 2009, serait hautement symbolique, d'autant que M. Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, devraient annoncer que ce prochain sommet de l'OTAN se tiendra entre Strasbourg et Kehl.


Chronologie

26 avril 2007. Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy évoque l'idée d'un retrait des 1 100 militaires français engagés en Afghanistan : "Il était certainement utile qu'on les envoie dans la mesure où il y avait un combat contre le terrorisme. Mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive."

6 septembre. Le ministre de la défense, Hervé Morin, annonce le déplacement à Kandahar d'avions de combat Mirage 2000 D et Mirage F-1 et de 150 personnels de soutien basés à Douchanbé (Tadjikistan).

26 mars 2008. Devant les parlementaires britanniques réunis à Westminster, M. Sarkozy indique que la France va proposer "de renforcer sa présence militaire" en Afghanistan lors du sommet de l'OTAN à Bucarest.

Article paru dans l'édition du 01.04.08