Photos de sévices : "Obama a cédé à la pression des généraux"
LEMONDE.FR | 14.05.09 | 15h49 • Mis à jour le 14.05.09 | 15h55

n s'opposant finalement à la publication de nouvelles photos de sévices qu'auraient pratiqués des soldats américains sur des prisonniers, Barack Obama a suscité un tollé dans les rangs démocrates. Et une interrogation sur sa capacité à gérer la communication de ce type de dossiers.
La puissante association de défense des libertés publiques (American civil liberties union, ACLU), a immédiatement fait part de son indignation. "L'adoption par l'administration Obama des tactiques d'obstruction et des politiques d'opacité de l'administration Bush apporte un démenti cinglant au désir exprimé par le président de rétablir l'Etat de droit", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Un sentiment partagé par les organisations Amnesty International et
Human Rights Watch, qui dressent une liste peu flatteuse des derniers revirements du président. Il s'était notamment opposé à d'éventuelles poursuites contre les responsables politiques de l'administration Bush ayant autorisé le recours à la torture contre certains détenus.
Mais pour David Ignatus du Washington Post, le président a tout simplement "cédé à la pression de ses généraux". Raymond Odierno, commandant en Irak, David Petraeus, chef du Commandement central (Centcom) et maître d'oeuvre de la guerre en Afghanistan, ainsi que Robert Gates, le secrétaire d'Etat à la défense... Tous ont milité avec ardeur contre la publication des photographies.
Leur diffusion, disent-ils, pourrait mettre en danger les soldats américains en Irak et en Afghanistan. Tous craignent un nouveau scandale Abou Ghraib qui attiserait encore davantage le sentiment anti-américain dans la région. Les clichés des abus pratiqués sur les détenus de la prison irakienne avaient été un puissant "outil de recrutement pour les extrémistes" rappelle la BBC.
La très conservatrice chaîne de télévision FOX News n'a pas hésité à saluer le "courage" de Barack Obama. Balayant d'un revers de main les objections de l'ACLU, la journaliste Judith Miller est convaincue que l'opinion publique américaine dispose de suffisamment de photographies pour nourrir son indignation. Le plus important, estime-t-elle, c'est que "la guerre contre le terrorisme continue, peu importe le nom que lui donne l'administration Obama". Depuis son arrivée au pouvoir, Barack Obama a arrêté d'utiliser l'expression, très marquée par l'ère Bush, de "guerre contre le terrorisme".
Mais "Obama prend des risques", estime le Los Angeles Times. En prenant à rebrousse-poil l'aile gauche de son électorat, le président fait malgré lui le jeu des républicains. Ces derniers, qui l'ont plusieurs fois accusé de mettre en péril la sécurité des Etats-Unis, ont largement applaudi à son revirement. "Il a compris la différence qu'il y a entre un candidat à la présidence et un chef des armées", a ironisé le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham.
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Celles d'Abou Ghraib sont disponibles. Pour ne pas infliger ça au lecteur qui ne le souhaite pas, je donne juste ce
lien.