- Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a critiqué "l'inquiétude purement politicienne, corporatiste, idéologique" des enseignants qui refusent de lire aux lycéens la lettre de Guy Môquet. "Je ne sais pas quelle est l'éthique de ces professeurs-là, pour qu'ils prennent en otage un moment d'émotion collective".
Cette éthique là est celle qui autorise la critique. Celle qui ne s'interdit pas "l'inquiétude". Même, et surtout, lorsqu'il s'agit d'un "moment d'émotion collective". Pour Guaino, "toute personne lisant cette lettre ne peut pas ne pas être émue"... Et alors?! L'émotion conduit-elle toujours vers le vrai et, puisque c'est d'éthique dont on nous parle, vers le juste et le bien? N'est-il pas légitime de s'inquiéter des usages de ce qui suscite l'émotion de façon automatique? J'espère donc qu'il y a beaucoup de "preneur d'otages" parmi les enseignants.
Par ailleurs, je ne sais pas quelle est "l'éthique" de Guaino pour écrire des discours paternalistes et racistes*...
- Le "grand moment d'émotion collective" auquel on aurait échappé si les règles avaient été respectées, c'est la victoire du XV de France sur les All Blacks. Le directeur des arbitres au sein de l'International Rugby Board a en effet reconnu jeudi 18 octobre que le match avait été entaché de, non pas une, ni même deux, mais trois erreurs d'arbitrage défavorables à l'équipe de Nouvelle-Zélande! Les Bleus s'étaient imposés 20-18 lors de ce quart de finale, notamment grâce à un essai marqué sur un "en-avant"...
- L'entraîneur de l'équipe de France de rugby et futur secrétaire d'Etat aux Sports, Bernard Laporte, et ses sociétés sont visés par une enquête fiscale écrit L'Equipe: "Au terme de près d'un an d'enquête et d'une quinzaine de perquisitions, la direction nationale d'enquêtes fiscales (DNEF) a mis au jour une série d'irrégularités dont les plus graves pourraient être transmises à la justice" (lequipe.fr). Interrogé, Bernard Laporte déclare : "Vous croyez que moi, je vais aller dans une société faire des malversations ? ".
Non, on ne croit rien. Mais on sait par ailleurs que Laporte Bernard a encaissé de confortables plus-value en revendant ses parts dans des casinos du bassin d'Arcachon. Ces casinos avaient obtenu les autorisations pour installer des machines à sous. Pas les concurrents. Autorisations délivrées par le Ministère de l'Intérieur. A l'époque... Sarkozy.
On sait aussi que François Deluga a porté plainte au pénal, et devant la commission des comptes, au sujet des comptes de campagne de l'UMP. Des histoires de permis de construire d'une société immobilière dont le gérant s'appelle Laporte Bernard...
On sait aussi que tout cela doit être écrit. En détail. Sans émotion. Et l'on sait que Le Canard Enchainé sort tous les mercredi.
* Guaino a écrit l'allocution de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, prononcée à l'Université de Dakar (Sénégal), le 26 juillet 2007 :
"... Je ne suis pas venu vous faire la morale.
Mais je suis venu vous dire que la part d'Europe qui est en vous est le fruit d'un grand péché d'orgueil de l'Occident mais que cette part d'Europe en vous n'est pas indigne.
Car elle est l'appel de la liberté, de l'émancipation et de la justice et de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Car elle est l'appel à la raison et à la conscience universelles.
Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l'homme échappe à l'angoisse de l'histoire qui tenaille l'homme moderne mais l'homme reste immobile au milieu d'un ordre immuable où tout semble être écrit d'avance.
Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin.
Le problème de l'Afrique et permettez à un ami de l'Afrique de le dire, il est là. Le défi de l'Afrique, c'est d'entrer davantage dans l'histoire. C'est de puiser en elle l'énergie, la force, l'envie, la volonté d'écouter et d'épouser sa propre histoire.
Le problème de l'Afrique, c'est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l'éternel retour, c'est de prendre conscience que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé.
Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance... "
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