On trouve quelques informations dans les médias étrangers. La photo ci-dessous montre la marche qui devrait bientôt atteindre Mexico. Elle est tirée du site du Guardian, les autres sont extraites de celui de la BBC.
Petit rappel: la grève des enseignants, amorcée le 22 mai dernier, avait pour mot d'ordre initial une indexation des salaires sur l'inflation. La répression fut très violente, notamment le 14 juin. Depuis, le mouvement s'est élargi aux paysans et s'est politisé. Il exige la démission du gouverneur Ulises Ruiz (affilié au PRI et élu de façon frauduleuse) et la libération des prisonniers politiques. La droite (le PAN dont est issu V. Fox) a d'abord soutenu Ruiz, de peur que de nouvelles élections ne profitent au PRD. Mais la situation est devenue trop instable à leur goût: lundi les députés du PAN et du PRD ont voté une motion exigeant le départ de Ruiz. Celui-ci s'accroche toujours.
Il faut aussi remarquer que des centaines de milliers de Mexicains des environs sont venus soutenir les insurgés: tandis que Oaxaca compte environ 200 000 habitants, certaines manifestations ont frôlé le million de participants. Le mouvement est organisé: l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca (APPO) a géré la ville de façon autonome durant plusieurs mois.Dimanche dernier, 4000 policiers fédéraux ont investi la ville avec leur équipement anti-émeute. Ils ont repris le contrôle de la grande place de la ville, qui constituait le principal lieu de convergence des grèvistes. Bilan: 3 ou 4 morts, dont un adolescent de 14 ans.
En fin d'article, Le Monde nous annonce sur un ton très flegmatique: "L'ONU a par ailleurs demandé aux autorités mexicaines d'ouvrir une enquête sur les circonstances dans lesquelles sont mortes les quinze personnes tuées au cours des cinq derniers mois, apparemment des militants de gauche, le plus souvent tuées par balle sur des barricades. La ville mexicaine, très appréciée des touristes pour son centre-ville historique et les vestiges archéologiques des environs, commence à porter les marques de cinq mois d'agitation."
Les manifestants de Oaxaca ont reçu le soutien de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), qui a appelé à un blocage des routes mercredi et à une grève nationale le 20 novembre.
1 commentaire:
Le Sénat rejoint la position de l'Assemblé nationale:
La révolte d'Oaxaca rebondit à Mexico
Le Sénat demande la démission du gouverneur Ruiz.
Par Babette STERN
QUOTIDIEN : mercredi 1 novembre 2006
Mexico de notre correspondante
Trois jours après l'arrivée des forces fédérales dans la ville coloniale, le conflit mené depuis cinq mois par l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca (Appo) a débordé le cadre régional et pris un tour résolument politique à l'échelle nationale. Peu de temps après le vote du Parlement, lundi, soutenu par les députés du Parti action nationale (PAN, conservateur) et du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), le Sénat a demandé à l'unanimité au gouverneur de l'Etat, Ulises Ruiz, issu du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, au pouvoir dans l'Etat depuis 1920), de remettre sa démission afin de «contribuer au rétablissement de la gouvernabilité, l'ordre juridique et la paix dans l'Etat». Ulises Ruiz, qui a pu réintégrer le palais gouvernemental, repris par l'armée après plusieurs mois d'occupation par les sympathisants du mouvement, a reconnu avoir fait des erreurs de gestion mais résiste toujours à l'idée d'abandonner sa charge.
Soutiens. Au-delà du cadre parlementaire, le mouvement, dont une des exigences est le départ du gouverneur, accusé de corruption et d'abus de pouvoir, a trouvé de nouveaux soutiens. Le candidat malheureux à la présidentielle, Andrés Manuel López Obrador, a décidé de prendre personnellement part à la curée contre le gouverneur. Hier après-midi, il devait participer à une manifestation dans la capitale du pays «pour soutenir» l'Appo. Depuis plusieurs jours, les manifestations contre Ruiz sont quotidiennes à Mexico.
L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) a également décidé de se ranger ouvertement au côté du mouvement qui agite Oaxaca et sa région. Dans un communiqué publié hier, le sous-commandant Marcos a appelé ses sympathisants à «se mobiliser pour soutenir le peuple frère d'Oaxaca. Le 1er novembre, les routes et les chemins qui traversent notre territoire seront fermés. [...] Nous appelons nos partisans au Mexique et au nord du rio Bravo [Etats-Unis, ndlr] à se mobiliser, même symboliquement». Dénonçant la violence des forces fédérales, les détentions arbitraires et les nombreux blessés, le chef des zapatistes a appelé «le Mexique d'en bas» à une grève nationale le 20 novembre, jour anniversaire de la révolution mexicaine de 1910.
Désaveu. Au Mexique, la question n'est plus tant de savoir si le gouverneur d'Oaxaca va quitter le pouvoir, mais quand. Les réticences du pouvoir fédéral à faire pression sur Ulises Ruiz par crainte de créer un précédent, préjudiciable à d'autres gouverneurs du pays, semblent être levées. Le président Fox s'est engagé vis-à-vis de son successeur, Felipe Calderón, qui prendra ses fonctions le 1er décembre, à laisser un pays «en paix». Il devient de plus en plus évident que la seule sortie de crise passe par le désaveu du gouverneur, face à la détermination de l'Appo de ne pas se démobiliser avant d'avoir obtenu gain de cause, malgré la présence des forces de l'ordre à Oaxaca.
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