Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement Supérieur, dénonce le caractère "politique et national" du mouvement de contestation dans les Universités. Les blocages sont "d'abord politiques" s'insurge-t-elle. Comme si la politique était sale. Mais que fait Valérie Pécresse, si ce n'est de la politique? Et que fait Nicolas Sarkozy, si ce n'est de la politique?
Depuis une semaine, les opérations manipulatoires contre les grèves sont lancées. Elles ont été soigneusement préparées par des conseillers en "com". Elles bénéficient de larges financements patronaux, de vastes relais médiatico-institutionnels et d'une élaboration très... politique. Voici 3 exemples (et une photo-souvenir!):
1/ C'est la Conférence des Présidents d'Université (CPU) qui a ouvert le bal. Pour son Président et porte-parole, Michel Lussaut: "l'appel à l'abrogation de la loi est un prétexte à une contestation contre le gouvernement. Il y a manifestement une orchestration pour qu'il y ait convergence des luttes… Les arguments avancés dans les assemblées générales relèvent le plus souvent du fantasme. A Tours, certains étudiants disent que grâce à cette loi, le président pourra recruter des contractuels et que le conseil d'administration va accueillir des patrons en son sein. Cela fait vingt ans que c'est le cas!".
Ce sont les arguments de Monsieur le Président de la Conférence des PDG d'Université qui "relèvent du fantasme". Cela fait 20 ans que la précarité des personnels croît dans tous les services publics, y compris à l'Université. Mais ce n'est pas une raison pour aquiescer, pour accepter! Encore moins pour accentuer ce phénomène. Or, cette loi va aggraver la précarité puisqu'elle légalise l'utilisation de CDD "pour occuper des fonctions techniques et administratives » et « pour assurer des fonctions d’enseignement et de recherche ». Cette loi va asservir l'Enseignement et la Recherche, puisqu'elle accorde un droit de veto aux Présidents pour les recrutements et les mutations de personnels (chapitre II, article 6). Cette loi va détériorer les conditions de travail puisqu'elle remet aux Présidents un contrôle concernant les services, les carrières et les choix scientifiques.
Bien sûr, cette intervention de la CPU n'a rien de politique. Elle n'a - bien sûr - rien à voir avec le fait que la Conférence des Présidents d'Université attend depuis longtemps cette nouvelle loi qui accorde des pouvoirs exorbitants... aux Présidents d'Université! La petite mise en scène de Michel Lussaut ne trompe personne.
2/ Après les Présidents d'Université, on entend beaucoup les anti-bloqueurs. "Les étudiants antiblocages sortent du silence" (Le Parisien). Mais, comme le remarque Sébastien Fontenelle:
Six mots, et, déjà, un mensonge, car dans la vraie vie, évidemment, les "antiblocages" (dont nul(le) ne sait au juste combien ils sont) ne sont pas du tout silencieux: les télés, qui n'aiment rien tant que lécher le fondement du gouvernement, se sont même fait une priorité absolue de leur tendre leurs puants micros. Ce minuscule détail n'empêche absolument pas Le Parisien de faire comme si une "majorité silencieuse" de "milliers d'étudiants mécontents d'être privés de cours" était aussi privée de tout moyen de communication.
Le Parisien a donc "donné" ce matin "la parole" à ces milliers de vrais-faux sans-voix.Pour ce faire, Le Parisien a rencontré, à Jussieu, "Aymeric et ses camarades" - soit, tout de même, six témoins.(Quand Le Parisien, affirme que des milliers d'étudiants sortent du silence, qu'est-ce que ça veut dire, par conséquent? Ca veut dire que six étudiants ont répondu aux questions d'un (courageux) envoyé spécial du Parisien...)
Le Parisien l'affirme: Aymeric et ses potes "sont des étudiants de 20 ans "absolument pas politisés"".Or, tu le sais, ami(e): quand un mec se pointe, et te balance crânement qu'il n'est pas (du tout) politisé, il s'agit, soit d'un pauvre neuneu égocentré, soit d'un admirateur (plus ou moins) caché du régime qui veut privatiser les facs.(Il peut aussi être l'un et l'autre.)
Là, par exemple? Le Parisien, je le répète, nous assure qu'Aymeric et ses copains ne sont absolument pas politisés. Penses-tu. Mais si tu regardes bien ce qu'ils disent, tu réalises qu'ils mettent leurs pas dans les pas de Valérie Pécresse (et des médias qui mentent), et caquètent, au mot près, que le gréviste moyen est une "caricature" de "gaucho".
D'ailleurs, Le Parisien finit par cracher le morceau - sans même réaliser, je le crains, que ces quelques mots trahissent un foutage de gueule de très gros niveau: "Les six amis comprennent d'autant moins les blocages prévus qu'ils n'ont rien contre la loi Pécresse".Et en effet, non seulement ils n'ont rien contre, mais ils seraient même plutôt pour, estimant que: "Si elle peut encourager les entreprises privées à investir chez nous (à Jussieu), c'est une bonne chose".
Voilà donc des gens qui parlent exactement comme le régime, qui disent tout haut ce que Valérie Pécresse (et le MEDEF) disent tout haut - mais Le Parisien, où l'on doit quand même nous prendre pour des gros(ses) débiles, nous promet qu'ils ne sont pas du tout politisés.Ca porte un nom: c'est de l'intoxication. Et bien évidemment, elle a une fonction: elle vise à entériner le discours officiel d'un régime qui a finalement compris que l'automne serait chaud pour sa gueule, et qui essaie, de toutes ses forces, de minimiser l'ampleur d'un mouvement social qui ne cesse de gagner en puissance.D'un régime qui met partout son idéologie dégueulasse, mais qui veut nous faire croire que l'enfer idéologique, c'est les autres, les grévistes.
3/ Les "syndicats" de droite. L’UNI est en train de se structurer, des affiches "anti-grèves" fleurissent aux abords des Universités. Une délégation de l’UNI-Lycée a été reçue par la Ministre - Mme Valérie Pécresse - mardi 23 Octobre 2007.
Comment est financée l’UNI ? On peut s'interroger. D'autant que l'on sait maintenant qu'il existe des caisses anti-grèves financées par le patronat. Comme celle de l’UIMM-Medef. A elle seule, cette caisse secrète se chiffre en millions d’euros. En liquide.
Cette fortune en liquide permet de "fluidifier les relations sociales". C'est Denis Gautier Sauvagnac qui le dit, et il est bien placé pour le savoir. La police (le Tracfin) a découvert cette caisse noire le 26 septembre. Une enquête est ouverte. Mais juste une enquête préliminaire : faudrait pas pousser, hein? Depuis 48 jours, la Ministre de la justice a “oublié” d’ouvrir une enquête... Elle n’a pas nommé de juge d’instruction... Madame Dati semble hésiter: est-ce que détourner quelques millions d'euros constitue un délit ?
Au fait, comme de nombreux membres de l'UMP, Sarkozy est un ancien de l’UNI... Voici sa photo (avec les cheveux longs) en 1976 en tête d’un cortège d’étudiants antigrévistes... Déjà ! Il s’apprête aujourd'hui à faire déferler une propagande contre les étudiants et les salariés (personnels d’Air France, cheminots, gaziers, fonctionnaires etc) pour soumettre les Universités à la concurrence et allonger la durée de cotisation de TOUS les salariés (41 ans, 42...) .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire