3.12.07

Qui parle?


A ma connaissance, la manipulation des médias français n'avait jamais atteint un tel niveau, même pendant la campagne du référundum sur le traité constitutionnel européen.

Durant la campagne du référundum sur la nouvelle constitution vénézuellienne, les mensonges ont succédé aux mensonges.

Encore aujourd'hui, alors que le "non" l'a emporté, on peut lire des articles suggérant que le Vénézuela est une dictature. Etrange dictature, bien plus démocratique que la France à vrai dire... Etrange "coup d'Etat" que celui qui consiste à se soumettre au résultat des urnes...

* Je lis sur le site du Monde que la réforme proposée par Hugo Chavez "devait lui permettre de se présenter indéfiniment à la présidentielle et lui conférer le droit de censurer la presse en situation de crise"
"Exactement comme en France" aurait-on pu ajouter... (relire la Constitution de 1958!)

* Je lis ensuite que "cet ex-officier putschiste, dont le régime entretient des relations exécrables avec les Etats-Unis, entendait également établir une économie collectiviste". Deux remarques:

1/ "ex-officier putschiste" est devenu - depuis environ 6 mois - l'expression favorite des médias pour désigner le Président Vénézuelien. Il existe une variante: "ex-colonel putschiste" (j'attends que George Bush soit systématiquement qualifié d'"ex-ivrogne-qui-a-vu-la-Vierge"...)
Comme tous les médias reprennent en coeur ces expressions diffusées par toutes les agences de presse (Reuters, AFP etc.), on est en droit de se demander d'où provient cet étrange engouement simultané. Je ne peux m'abstenir de penser à toutes les officines de la CIA, comme par exemple la National Endowment for Democracy et des "fondations" dérivées. L'accès à toute la documentation nécessaire se trouve ici.
Lire aussi: Le Monde encense un journaliste de RCTV employé par les Etats-Unis

2/ Ce que Le Monde appelle "une économie collectiviste", c'est une économie dans laquelle le rôle économique de l'Etat n'est plus d'encourager l'initiative privée (Constitution de 1999) mais de développer "diverses formes d’entreprises et unités économiques de propriété sociale, aussi bien directe ou communale qu’indirecte et étatique, comme les entreprises et unités économiques de production ou distribution sociale, celles-ci peuvent être de propriété mixte entre l’Etat, le secteur privé et le pouvoir communal, en créant les meilleures conditions pour la construction collective et coopérative d’une Economie Socialiste".
L’article 115 de la constitution de 1999 garantissait la propriété privée. Dans le nouveau projet, il garantit "les différentes formes de propriété". L'objectif ? Un modèle économique "intermédiaire", "fondé sur les valeurs humaines de la coopération et la prépondérance des intérêts communs sur les intérêts individuels, [un modèle qui garantisse] la satisfaction des nécessités sociales et matérielles du peuple, la plus grande somme de stabilité politique sociale et la plus grande somme de bonheur possible" (article 112).
L'article 90 réduit la journée de travail à 6h par jour.
L'article 87 stipule la création d'une Sécurité Sociale pour tous les travailleurs (y compris les "indépendants", c'est-à-dire ceux de l'économie informelle, jusqu'ici exclus).
L'article 318 soumet la banque centrale au pouvoir exécutif.

* Je lis (toujours dans Le Monde): "Pour l'instant, nous n'avons pas gagné", a-t-il lancé, en allusion à la formule célèbre qu'il avait prononcée après l'échec du premier coup d'Etat qu'il avait tenté le 4 février 1992".
Pourquoi parler de "premier" coup d'Etat alors que Chavez n'en a tenté qu'un seul ?
Pourquoi ne pas préciser que ce coup d'Etat visait à renverser le gouvernement de Carlos Andres Perez?
Pourquoi ne pas préciser que ce gouvernement avait massacré l'insurrection populaire du 27 février 1989 en tuant des milliers de manifestants?
Pourquoi ne pas préciser que Chavez est allé en prison pour ce coup raté, mais qu'il est ainsi devenu un symbole d'espoir pour la très grande majorité?
Pourquoi ne pas préciser qu'il y a bien eu une seconde tentative de coup d'Etat, contre Chavez cette fois-ci, en avril 2002 ? Que ce coup d'Etat a porté Pedro Carmona, le patron des patrons, a la tête de l'Etat... avant d'en être délogé par les manifestants et l'armée. Que ce coup d'Etat a été fomenté par la CIA avec l'aide de quelques généraux vénézueliens et de RCTV ? Que l'on dispose de toutes les preuves? etc.

7 commentaires:

Philippe a dit…

Constitution française de 1958:

- article 6: « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Les modalités d'application du présent article sont fixées par une loi organique. »
DONC PAS DE LIMITATION DU NOMBRE DE REELECTION (contrairement à la Constitution de 1946, cf. Article 29. – « Le président de la République est élu par le Parlement. Il est élu pour sept ans. Il n’est rééligible qu'une fois »).

Art. 16. - "Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier Ministre, des Présidents des assemblées ainsi que du Conseil Constitutionnel etc."
DONC LES PLEINS POUVOIRS (LES AUTRES INSTANCES NE SONT QUE CONSULTEES)

CE A QUOI IL FAUT AJOUTER LA LOI DU 3 AVRIL 1955 SUR L'ETAT D'URGENCE (UTILISEE PENDANT LA GUERRE D'ALGERIE ET PENDANT LES EMEUTES DE 2005).

Philippe a dit…

Loi du 3 avril 1955:
"Article 11
Le décret déclarant ou la loi prorogeant l'état d'urgence peuvent, par une disposition
expresse:

1/Conférer aux autorités administratives visées à l'article 8 le pouvoir d'ordonner des
perquisitions à domicile de jour et de nuit ;

2/ Habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et
des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections
cinématographiques et des représentations théâtrales."

Anonyme a dit…

D'après AFP :

Chavez fait un discours. Tout à coup, dans la salle, quelqu'un éternue.
"Qui a éternué ?" demande Chavez.
Silence.
"Qu'on fusille le premier rang !", ordonne Chavez.
Des applaudissements nourris saluent l'exécution. Chavez réitère sa question, sans obtenir plus de réponse, et le deuxième rang est fusillé sous des ovations prolongées.
Quand Chavez pose la question pour la troisième fois, un homme tremblant se lève et avoue.
"C'est moi camarade Chavez, c'est moi qui ait éternué.
- Eh bien, à tes souhaits, camarade !"

Anonyme a dit…

Tu as lu les propos de laguiller sur les municipales et la LCR?

LO sur des listes d’union de la gauche avec le PC ou le PS, c’est une révolution ?

D’abord, LO prépare ses propres listes et espère faire mieux qu’en 2001, où nous avions eu 128 listes et 33 élus. Par ailleurs, nous cherchons la discussion et, dans certaines villes, la négociation pour participer à des listes de gauche, notamment dans les villes que la droite peut reprendre ou que la gauche pourrait conquérir. Ce qui nous détermine, c’est le contexte politique. Le gouvernement Sarkozy mène des attaques tous azimuts contre le monde du travail. Les mauvais coups, ce n’est plus la gauche qui les porte : en 2001, Jospin approuvait les licenciements, ne remettait pas en cause la réforme Balladur des retraites, ce que nous refusions de cautionner en faisant liste commune.

La LCR vous accuse de vouloir sauver vos élus…

Il ne faut pas être naïf et découvrir d’un seul coup, comme la LCR, la nature sociale-libérale du PS qui aspire, depuis plus de soixante-dix ans, à gérer les affaires de la bourgeoisie. Nous, nous faisons la distinction entre la politique gouvernementale et celle que peuvent mener des municipalités de gauche. Dans certaines villes, on est plutôt d’accord avec ce qu’a fait une majorité PCF-PS, voire PS. Evidemment, quand on se présente aux municipales sur des listes LO ou d’union, c’est pour avoir des élus. Et un conseiller municipal garde sa liberté de parole durant tout son mandat.

Pourquoi refuser l’alliance avec la LCR ?

La LCR voudrait nous entraîner dans son nouveau «grand parti anticapitaliste». Et ne cache pas que les municipales en sont la première étape. Le problème, c’est que la LCR semble prête à renoncer à nos fondamentaux : le marxisme, le léninisme et la référence aux premières années de la révolution russe, et, bien sûr, le trotskisme. Pour nous, pas question d’aider à la création d’un parti qui renierait cela. En 2001, il n’y a pas eu d’accord avec eux car leur perspective était déjà de faire des listes avec des altermondialistes, des écologistes, des alternatifs. Avec la LCR donc, ni nouveauté, ni rupture !

Besancenot ne fait plus référence au trotskisme…

J’ai entendu Besancenot mettre le trotskisme de côté, et ça, on n’est pas d’accord. On est restés communistes parce qu’on était trotskistes, sinon, c’était à désespérer. C’est bien parce que le trotskisme a permis de comprendre la nature du stalinisme et l’échec de la révolution russe qu’on y tient. Mais s’il existait un parti à la gauche du PS suffisamment grand, influent et s’opposant à la droite, on ne dit pas que ce serait négatif.

Mais vous ne le rejoindriez pas…

Pas sur les bases actuelles posées par Olivier Besancenot, une espèce de salmigondis guevariste, libertaire… Pour nous, ce qui manque vraiment, c’est un parti qui défende inconditionnellement les intérêts des classes populaires contre les attaques patronales.

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/296658.FR.php

Philippe a dit…

Mauvaise foi de LO sur plusieurs points. Extrait d'une lettre de la LCR à LO (fin novembre) qui dément déjà quelques affirmations de Laguiller:

"[...] Vous le savez, nous avons été étonnés de votre position pour ces prochaines élections. Il semble que vous envisagez dans une série de villes - Saint Brieuc, Besançon, Angers, Orléans et bien d’autres - de participer dès le 1er tour à des listes d’union de la gauche. C’est une première dans l’histoire de LO. Surtout que cette orientation se fait jour au moment où le PS est loin de s’opposer, c’est le moins qu’on puisse dire, à la politique de Sarkozy. De même, nous ne comprendrions pas que vous puissiez refuser de discuter des moyens d’unir nos forces pour les municipales en avançant l’argument qu’il y aurait entre nous un désaccord sur la question du nouveau parti à la construction duquel nous appelons.

Nous vous l’avons dit, et nous le réitérons dans cette lettre : nous ne faisons pas de l’adhésion à notre appel à un nouveau parti, une condition pour constituer des listes de rassemblement anticapitaliste pour les municipales. Nous aurions des divergences sur le parti dont le monde du travail à besoin. Peut-être bien que le sujet mériterait une discussion sérieuse. Vous-mêmes aviez proposé la perspective d’un nouveau parti des travailleurs au lendemain de l’élection présidentielle de 1995, quand l’extrême gauche, en la personne d’Arlette Laguiller, avait recueilli plus de 5% des suffrages Vous ne disiez pas à l’époque vouloir construire un parti « trotskyste », sans compter que le contenu actuel, pratique, de cette référence mériterait d’être précisé. Par ailleurs, - est-il besoin de le préciser - le parti anticapitaliste, révolutionnaire à la construction duquel nous appelons, ne saurait se considérer comme un bloc uni par avance. Nous ne dépasserons nos divergences passées qu’à travers le débat, en relation avec la pratique, en confrontation avec elle. Si les références de ce nouveau parti à la lutte de classes seront clairement établies , une série de questions devront être débattues et resteront ouvertes. Bien évidemment, dans le processus constituant de ce nouveau parti que nous espérons réussir à engager le regroupement d’organisations, de groupes militants, d’anciens militants du PC... passe par le droit à la libre organisation de chacun en tendance, voire en fraction, droit qui est, de façon plus générale, indissociable d’une véritable démocratie et qui sera nécessairement inscrit dans le fonctionnement d’un nouveau parti."

Anonyme a dit…

Un portrait de Besancenot point trop méchant pour une fois (à part le titre) dans "Le Monde" aujourd'hui : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-988353,0.html

Ils insistent lourdement sur la "stratégie médias" du garçon, mais bon, elle existe. On en discutera...

Anonyme a dit…

Arlette Laguiller dit: "un conseiller municipal garde sa liberté de parole durant tout son mandat".

Et sa liberté de vote?
Dans un entretien accordé au Monde (28-11-07), un dirigeant de LO, George Kaldy, affirmait:
"Gérer une municipalité ne nous gène pas. Il y a des petites marges pour faire avancer nos propositions"

LO défend la cogestion, tout en justifiant le refus de faire liste commune avec la LCR par l'idée que celle-ci défendrait moins que LO "le marxisme, le léninisme et la référence aux premières années de la révolution russe, et, bien sûr, le trotskisme".

Bref, quoi que fasse LO, elle est systématiquement présentée par sa direction comme la seule organisation qui reste révolutionnaire, presque "par nature" ...