24.11.05

chronologie

Voici une chronologie (incomplète) témoignant de la montée de la xénophobie et du racisme en France:

* 18 février 2005: l'article 26 de la loi Fillon rend obligatoire l’apprentissage de la Marseillaise à l’école primaire. Ce "chant de guerre pour l’Armée du Rhin" réclame "qu'un sang impur abreuve nos sillons". Il apprendra sans doute aux enfants la tolérance ("Quoi ! Des cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers !" ... "Sous nos drapeaux que la victoire accoure à tes mâles accents").

* 23 Février 2005: adoption de la loi révisionniste sur le "rôle positif de la présence française" dans les colonies.

* Juin 2005: Pour la première fois en France, des étrangers ont été jugés dans un commissariat (à Coquelles, une salle d'audience dite " délocalisée ", réservée aux étrangers, dans les locaux de la police aux frontières, entre le chenil des chiens policiers et le stand de tir). Une salle de ce type avait été mise en place dans l'aéroport de Roissy mais les magistrats et avocats du tribunal de Bobigny avaient refusé d'y siéger.

* 5 juillet 2005: à Evian, les ministres de l'Intérieur de l'Allemagne, de l'Espagne, de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni ont décidé à l'unanimité d'organiser des "charters groupés".

* 27 juillet 2005: premier charter européen avec à son bord 40 Afghans expulsés d'Europe. Dans leur pays meurtri par 25 ans de guerre, ils auront la consolation de croiser... des militaires français!

* Eté 2005: nombreuses raffles de sans-papiers à Paris (Stalingrad, Chateau d'Eau). Deux décrets restreignent l'accès des sans-papiers à l'aide médicale d'État (créée en 2000).

* 2 septembre 2005 (jour de la rentrée scolaire): les forces de police expulsent une quarantaine d'Ivoiriens (dont des enfants) habitant un squat rue de la Tombe-Issoire (XIVe arrondissement). Ils n'ont pas été relogés et paient un hotel au prix fort. Sarkozy profite ainsi des incendies dans les logements insalubres pour... s'en prendre aux victimes! Les expulsions prennent fin grâce aux mobilisations (XIXème ar.).

* 20 septembre 2005: Roland Gatti, fonctionnaire à la Police aux Frontières (PAF) de Metz et représentant du SGP - FO, a, dans le cadre de son mandat départemental, exprimé à Jacky Durand de Libération une dure réalité : "On expulse à tour de bras, on fait les fonds de tiroir (...) On va chercher tout ce qui peut traîner comme étranger en situation irrégulière. On « fait » beaucoup de familles. Une famille, ça peut faire six personnes. Souvent, ce sont des gens qui sont là depuis plusieurs années. Même les collègues les plus durs chez nous ne comprennent pas. Les centres de rétention sont pleins à craquer. Faute de place, on est obligé d’emmener des gens de Metz à Toulouse, à Bordeaux, à Lille et de faire ainsi des milliers de kilomètres Jouer avec des familles pour faire du chiffre, c’est inadmissible". La direction du SGP-FO s’étant curieusement désolidarisée de M. Gatti, celui-ci risque désormais une sanction disciplinaire... pour avoir exprimé ce que beaucoup de policiers pensent tout bas.

* Début octobre 2005: plusieurs candidats à l'immigration clandestine abattus par les polices espagnoles et marocaines à Ceuta et Mellila. Les deux Etats se rejettent la responsabilité. Mille à deux mille migrants sont abandonnés dans le désert l'armée marocaine, sans eau ni vivres, après avoir été battus et insultés (source: MSF et Amnesty International). Absence de réaction de l'Union Européenne, sauf de Zapatero... qui envoie 500 soldats supplémentaires!

* 7 novembre 2005: tandis que les banlieues s'embrasent, Villepin veut "proposer l'apprentissage dès 14 ans à des enfants qui, visiblement, n'ont pas le goût, n'ont pas l'envie ou qui ont quitté l'école". L'égalité des chances c'est donc... l'exploitation dès 14 ans et la fin de l'école obligatoire pour tous jusqu'à 16 ans. Cette régression de 30 ans est jugée "scandaleuse" par les syndicats enseignants qui se disent "atterrés".

* 8 novembre 2005: Emerainville (94), "une cinquantaine de policiers, de la sécurité publique et de la police judiciaire, investissent le quartier vers midi, à la recherche d'armes. En vain. Mais, selon le parquet, ils découvrent dans un box une voiture des services municipaux volée et désossée. "Je vois qu'ils arrachent les portes des garages. J'approche, je dis : "Qu'est-ce que vous faites, on peut les ouvrir normalement"" raconte Guimba Traoré. Il n'est pas le seul présent sur les lieux. Ingrid Gauthier et son compagnon, Adama Diallo, 28 ans, sont allés chercher les enfants à l'école. Ingrid porte son bébé de 2 mois dans les bras ; leur garçon de 2 ans leur tient la main. "J'ai refermé brusquement mon box, car j'étais excédée. Au même moment, Adama a haussé le ton. Un policier m'a attrapée par les cheveux, tandis que d'autres ont mis brutalement Adama à terre et là, ils se sont déchaînés sur lui : coups de pied, de matraque..." Abdoulaye Diallo, le frère d'Adama âgé de 17 ans, intervient. "J'ai juste voulu tirer mon frère par le bras. J'ai pris aussitôt un coup sur la tête. A quatre, ils m'ont frappé, à coups de pied et de matraque." " (source: Libération).

* 9 novembre 2005 : télégramme adressé par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, aux préfets, leur demandant d'expulser les étrangers interpellés pour les émeutes en banlieue, même ceux en situation régulière. Pour la LDH, la mesure est "totalement illégale parce que c'est une expulsion collective et que ce type d'expulsion est interdite par la Convention européenne des droits de l'homme".

* 15-16 novembre 2005 : Sarkozy, Larcher et Accoyer (soit 2 Ministres et le président du groupe UMP à l'Assemblée) reprennent publiquement la thèse du FN selon laquelle la polygamie est "l'une des causes" des émeutes (ou comment détourner l'attention des véritables causes et gagner quelques électeurs).

* 20 novembre 2005 : Plusieurs dizaines de sans-papiers ont été expulsés par la police de la permanence de l'UMP à Asnières. Une jeune femme a été évacuée à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine) à la suite d'une crise d'épilepsie après avoir été abondamment aspergée de gaz lacrymogène, a déclaré Bahija Benbouka, déléguée du "9e collectif parisien des sans-papiers" (source: AFP).

* Janvier 2006: nouvelle loi raciste proposée par Sarkozy et votée au Parlement tandis que perdure "l'état d'urgence" néo-colonial (autorisant des interdictions de séjour, des assignation à résidence, des fermetures de "lieux de réunions de toute nature", des perquisitions de nuit et "toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature").

* ET APRES ? Où va-t-on? Amendement de la loi révisionniste sur le "rôle positif de la présence française" dans les colonies (janvier 2005) pour y ajouter un paragraphe sur le "les aspects positifs de la collaboration"? Autorisation de tirer à vue lors des prochaines émeutes? Recours à l'armée contre la prochaine grève des transports ?

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