Le 23 novembre le Figaro titre : «Premières arrestations de caïds, après les émeutes». Qu'est-ce que cela signifie? Le lien entre les "caïds" et les "émeutes" n'est pas clairement affirmé: raison de plus pour se demander pour quelles raisons le journal de Dassault associe ces deux termes? Pour donner à croire que ceux qui répriment les émeutes ne font que protéger la population des "caïds"? Une photo représente justement un policier cagoulé et armé d'un fusil à pompe devant une barre d'immeuble. Le Figaro nous apprend ensuite que « près de 80 personnes ont été interpellées hier lors d'une vaste opération menée dans des cités sensibles à travers tout le pays. Toutes ces cités, explique le quotidien, étaient en proie à une économie souterraine essentiellement sous-tendue par divers trafics de stupéfiants et le blanchiment de l'argent sale ».
On trouvait en revanche quelques informations intéressantes dans Le Monde d'aujourd'hui (25 nov.) qui titrait : "La majorité des mineurs présentés aux juges étaient 'inconnus' des tribunaux". Les accusés ont d'autres points communs: "ils sont français, ils ont 16-17 ans, des pères ouvriers ou chômeurs, des mères plus ou moins débordées, des résultats moyens à l'école. Et ils sont, pour la grande majorité d'entre eux, inconnus de la justice. Les mineurs déférés dans le cadre des récentes violences urbaines en Ile-de-France ne correspondent pas au profil décrit par le ministère de l'intérieur, celui de "racailles" dont "80 %" seraient connus pour des faits de délinquance." (les mensonges du Ministère figurent notamment dans une circulaire adressée le 9 novembre par le ministre de l'intérieur aux préfets).
Le Syndicat de la Magistrature a dénoncé "une justice d'abattage qui se met en place à la demande expresse du garde des sceaux". Plusieurs notes du garde des sceaux adressées aux présidents de tribunaux (les 6, 7 et 16 novembre notamment) les appellaient à une véritable "mobilisation" et les enjoignaient de privilégier les procédures rapides, notamment celle de comparution immédiate. En outre, pour Michel Tubiana, vice-président de la Fédération des droits de l'homme (FIDH) et président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme (LDH). "on a raflé plutôt qu'interpellé". Et comme le rappelle son confrère de la LDH, Jean-Pierre Dubois, le sentiment des jeunes déférés devant les tribunaux d'appartenir à une "classe méprisée ne peut que se renforcer"...
Voir aussi l'analyse de la Fondation Copernic de la révolte des jeunes des quartiers défavorisés.
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