9.3.06

CPE: article du Monde

Atmosphère électrique à Tolbiac, dans une des 38 universités en grève
LE MONDE 09.03.06 13h29 • Mis à jour le 09.03.06 13h29

Peut-on faire une AG sans micro ?" Sur le tableau de l'amphithéâtre N du centre Pierre-Mendès-France (Tolbiac), la question surprend. Il est 11 heures, en ce mercredi 8 mars, et l'atmosphère est électrique à Paris-I. Venus nombreux assister aux rares cours encore dispensés, des étudiants "anti-blocage" ont pris place dans l'amphithéâtre.
Smaïl, en première année d'économie-gestion, non syndiqué, est contre le CPE mais il conteste le blocus : "Il faudrait trouver d'autres moyens, un service minimum de cours, par exemple", dit-il. Marine, en licence d'histoire et de sciences politiques, n'y croit pas : "On n'a pas le choix. Avant le blocage, on était 200 en AG, aujourd'hui nous sommes 1 200. C'est le moyen le plus efficace."
Les esprits s'échauffent, alimentés par les rumeurs, des étudiants d'extrême droite seraient dans la salle prêts à en découdre, on parle de bagarres à l'extérieur, la tension est telle que le vice-président de l'université, André Hervier, monte à la tribune "Essayez d'organiser démocratiquement le débat", lance-t-il. La nouvelle de l'interpellation d'un étudiant non gréviste par la police met tout le monde d'accord. "Gréviste ou pas, c'est un étudiant. Tous au commissariat." A 15 heures, l'AG reprend. Après 3 heures de débat, poursuite de la grève et blocus de la faculté sont votés. Quelques heures plus tôt, une cinquantaine de professeurs et personnels Iatos (ingénieur, administratif, technique, ouvrier et de service), réunis en assemblée générale, ont voté deux motions, l'une condamnant le CPE, l'autre pour réaffirmer qu'aucune sanction ne serait prise contre les étudiants.
A Censier (Paris-III), les débats, plus calmes, ont abouti au même résultat. "Certains, jusqu'ici peu mobilisés, ont décidé de rejoindre le mouvement face à l'ampleur de la manifestation", assure Camille, étudiante en 3e année de cinéma. Une centaine d'étudiants de Jussieu (Paris-VI et VII) ont arrêté la circulation devant l'Assemblée nationale pendant près d'une heure, allongés en silence sur le bitume avec à la main des pancartes proclamant "deux ans de précarité, décès à l'arrivée". A la Sorbonne, quelque 200 étudiants ont occupé dans la nuit de mercredi à jeudi l'amphithéâtre Descartes.
Selon l'UNEF, le principal syndicat étudiant, 38 universités sur 82 étaient en grève jeudi 9. Les organisations de jeunesse réunies dans le collectif anti-CPE ont par ailleurs repoussé à vendredi 10 leur réunion pour décider de la suite du mouvement.
Emmanuel Fansten et Catherine Rollot
Article paru dans l'édition du 10.03.06

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