28.9.06

Infos-irak n°16

Sommaire

1/ Deux rapports du Pentagone et du Sénat américain viennent d’établir officiellement ce que tout le monde savait déjà : l’administration Bush a menti sur les raisons de la guerre et la situation actuelle en Irak est extrêmement instable.
2/ De nouvelles informations sur les exactions des troupes impérialistes et sur les manoeuvres législatives visant à garantir l'immunité des tortionnaires de la CIA.
3/ Il y a exactement trois ans, un conseiller de Bush, Richard Perle, affirmait: "Je serais très surpris que d'ici un an, il n'existe pas un grand parc à Bagdad auquel on donne le nom du President Bush. Il ne fait aucun doute qu'à l'exception d'un tout petit nombre de personnes proches de ce régime vicieux, le peuple d'Irak a été libéré et les gens savent qu'ils ont été libérés. Il est chaque jour plus facile aux irakiens d'exprimer ce sentiment de libération". Infos-Irak diffuse une traduction d'un extrait d'un texte de Stephen Zunes (L’Irak, trois ans après la " Libération"). L'article contient quelques chiffres intéressants sur la situation économique et sociale de l'Irak.

Secrets de polichinelle

Il y a encore trois semaines, George Bush affirmait que " Saddam Hussein avait des liens avec Al-Zarqawi ". Un rapport du Sénat américain, fondé sur un rapport de la CIA, vient d’apporter un démenti officiel cinglant à cette thèse. Les quelques rencontres entre des officiels irakiens et des membres d’Al-quaeda durant les années 90 n’ont été suivies d’aucune coopération. " Saddam Hussein se méfiait d’Al-quaeda, considérait les extrêmistes islamistes comme une menace pour son régime et refusait toute aide matérielle ou opérationnelle à Al-quaeda ". Le rapport pointe aussi les informations erronées fournies par certains groupes de l’opposition irakienne. Téléchargement ici (il s’agit de la seconde partie des travaux du Sénat : un premier rapport avait dénoncé les mensonges relatifs à l’armement supposé du gouvernement irakien).

La situation sur le terrain est de plus en plus violente. Dans un rapport publié le 1er septembre, le Pentagone estime que les conditions d’une guerre civile sont réunies en Irak et que l’insurrection demeure " puissante et viable ". Il note également que le nombre d’attaques a augmenté de 15% depuis le début de l’année. Le nombre de victimes, chez les Irakiens, a bondi de 51% (120 morts par jour en moyenne). Le nombre hebdomadaire d'attentats est de 792.

2/ Les exactions des troupes impérialistes et de la CIA

La BBC a diffusé en juin 2006 les images de plusieurs civils irakiens qui ont été délibérément abattus par les troupes américaines le 15 mars à Ishaqi (100 km au nord de Bagdad). Cinq femmes, deux hommes et quatre enfants ont trouvé la mort dans un raid contre une maison selon la police irakienne. Un photographe de l'AFP a vu sur place les corps de plusieurs enfants. Le porte-parole de l'armée américaine a affirmé : " L'enquête a révélé que le commandant sur le terrain avait capturé et tué des terroristes, tout en respectant les règles d'engagement et d'usage de la force en Irak "…

Le 18 aout 2006, le New York Times a révélé que les soldats américains impliqués dans le massacre de civils irakiens le 19 novembre 2005 à Haditha, en Irak, ont détruit ou caché des preuves. Ces soldats sont soupçonnés d'avoir tué de sang-froid au moins vingt-quatre civils, parmi lesquels sept femmes et trois enfants, en représailles à la mort de l'un des leurs dans un attentat. L'armée américaine a versé aux survivants 2 500 dollars par civil mort et quelques centaines de dollars aux blessés. Quelle générosité !

Suite à un rappel à l’ordre de la Cour suprême américaine, en juin dernier, au sujet des actes de torture, le Congrès a examiné un projet de loi de la Maison Blanche visant à mettre hors de portée de la justice les tortionnaires de la CIA. Le projet reposait sur une interprétation très particulière de l'article 3 des conventions de Genève de 1949. Il permettrait aux agents de la CIA de poursuivre leurs actes de torture sur les présumés " terroristes " dans des prisons secrètes. Il protégerait rétroactivement la CIA contre d'éventuelles poursuites en amendant la législation américaine contre les crimes de guerre. Pour le Sénateur Républicain John McCain, toute "interprétation restrictive [de l'article 3 des conventions de Genève] sapera la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale". "Si des traitements humiliants, dégradants, et des brutalités physiques et mentales sont permis, nous n'aurons rien à objecter dans le cas où ces pratiques barbares seraient infligées à des prisonniers américains", a-t-il averti. Il a proposé, avec Colin Powell et de nombreux députés démocrates, un texte alternatif. Les organisations de défense des droits de l'homme ont toutefois dénoncé ce texte qu’elles jugent insuffisant.

Pour de toutes autres raisons, John Negroponte, l'actuel directeur des services secrets nationaux, a qualifié le projet de loi alternatif d' "inacceptable". Ce criminel de guerre, qui fut le maître d'oeuvre des opérations secrètes visant à écraser le gouvernement sandiniste du Nicaragua, refuse que l’on impose des "limites intolérables" aux méthodes utilisées par les officiers des services secrets pour faire parler les suspects.

Finalement, un "compromis" a été trouvé entre les deux projets. Michael Ratner, président du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), a dénoncé la "capitulation presque complète" de M. McCain. " [Le texte] permet au président Bush de passer sa propre interprétation des Conventions de Genève par un ordre exécutif et il protège la CIA et les personnels militaires de poursuites pour des violations passées", a-t-il ajouté.

3/ L’Irak, trois ans après la " Libération "

Stephen Zunes, "Iraq Three Years after 'Liberation'" (Silver City, NM and Washington, DC: Foreign Policy In Focus, April 21, 2006).

" Plus de 50 000 irakiens ont été emprisonnés par les forces militaires des Etats-Unis depuis l’invasion, mais seulement 1,5% d’entre eux ont été déclarés coupables d’un crime ou d’un délit. Les forces états-uniennes détiennent en permanence 15 000 à 18 000 prisonniers irakiens, ce chiffre est plus élevé que sous Saddam Hussein. Amnesty International et d’autres associations de défense des droits de l’homme ont accusé l’armée américaine de violations flagrantes du droit humanitaire international, notamment de tortures et de viols de prisonniers.

[…] Les décès dus à la malnutrition et aux maladies curables, augmentent de nouveau, surtout parmi les enfants. La fourniture d’eau potable, la probabilité d’avoir de l’électricité, et le fonctionnement des égouts se sont détériorés depuis l’invasion.

Plus de la moitié de la force de travail est au chômage, et le coût de la vie a flambé. Le revenu médian des Irakiens a diminué de plus de 50%. Le programme des Nations Unis pour l’alimentation (WFP) rapporte que le peuple irakien souffre de sévères pénuries de riz, de sucre, de lait et de nourriture pour enfant ; le WFP estime que 400 000 enfants irakiens souffrent de ‘dangereuses carences en protéines’. La production pétrolière, principale source de revenus du pays, n’atteint même pas la moitié de ce qu’elle était avant l’invasion. Et bien que l’administration Bush promette d’injecter des milliards de dollars pour aider à la reconstruction des infrastructures civiles, seule une petite partie de ces projets ont été menés à bien, la plupart ayant été annulés. Près d’un million d’irakiens, la plupart issus des classes moyennes éduquées, ont quitté le pays pour fuir la violence et les privations engendrées par l’invasion américaine.

[…] En Irak, le sentiment anti-américain ne cesse de grandir. Curieusement, ceux qui soutiennent la politique de Bush ne peuvent comprendre pourquoi. Par exemple, le conseiller de l’administration Bush, Daniel Pipes, fervent partisan de l’invasion, a exprimé sa déception vis-à-vis de "l’ingratitude des irakiens pour la faveur que nous leur avons faite" en envahissant et en occupant leur pays. "

15.9.06

Le monstre de l'inflation


Voici une vidéo (Wmv, Quicktime, RealVideo) de propagande, produite par la Banque Centrale Européenne. Il s'agit de convaincre des méfaits du "monstre de l'inflation". Cet "outil didactique" destiné aux enseignants est bourré d'inepties hilarantes.

Après la prochaine crise économique, on risque toutefois de trouver cette vidéo moins drôle...