21.2.07

UMP: le bilan (3)

Lorsque la droite est arrivée au pouvoir en 2002 avec une majorité absolue à l'Assemblée, elle s'empressa d'effectuer quelques nominations devant conforter sa mainmise sur les institutions. Tous les rênes du pouvoir sont bientôt entre ses mains, sauf l'institution judiciaire, du fait de la (relative) séparation des pouvoirs. Les lois Perben permettront d'y remédier.

1/ Le monopole institutionnel de l'UMP

Le Monde (12/07/04): "[...] Jamais sous la Ve République le parti du président n'avait exercé une telle mainmise. Ni le général De Gaulle (1958-1965, 1965-1969) ni Georges Pompidou (1969-1974) ne disposaient d'une majorité au Sénat ; Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) devait compter avec le RPR à l'Assemblée nationale, et François Mitterrand (1981-1988, 1988-1995) a dû cohabiter avec la droite au Sénat, puis à l'Assemblée nationale et au gouvernement.

Aux nominations à la tête des organes politiques et des grands corps s'ajoutent celles aux postes les plus sensibles. Les deux grands services de renseignement sont ainsi dirigés par des hommes de l'Elysée : Pierre Brochand (DGSE) et Pierre de Bousquet de Florian (DST). Chef d'Etat-major des armées, le général Henri Bentégeat dirigeait auparavant l'état-major particulier de M. Chirac à l'Elysée. Magistrats de haut vol, le directeur des affaires criminelles et des grâces, et le procureur de Paris - les deux postes-clés de la justice française -, Jean-Claude Marin et Yves Bot, sont des proches de l'actuelle majorité ; le préfet de police de Paris, Christian Proust, a certes dirigé le cabinet de Jean-Pierre Chevènement à l'intérieur, mais il s'était fait remarquer dans celui de Charles Pasqua en 1986, où il rencontra Nicolas Sarkozy - qui l'a nommé à la "PP" en 2001. Directrice de la PJ parisienne, Martine Monteil, est, elle, une figure de la droite policière. Et l'Elysée a aussi imposé plusieurs des siens au ministère de l'économie, dont le directeur du budget, Pierre-Mathieu Duhamel, proche d'Alain Juppé."

Le fait que "le parti du Président", l'UMP, soit devenu celui du Ministre de l'Intérieur n'a fait que renforcer ce monopole institutionnel: Sarkozy a accéléré les nominations. "Ce que l'Elysée avait autrefois refusé est à présent accordé" (Le Monde 13/05/06). "Alors qu'en janvier 2004 M. Sarkozy n'était pas parvenu à imposer Bernard Squarcini à la tête des renseignements généraux, après le départ d'Yves Bertrand, il tient sa revanche deux ans plus tard et s'offre une démonstration de force politique. Le 26 avril 2005, Pascal Mailhos a quitté ses fonctions de directeur central des RG, remplacé par son adjoint, Joël Bouchité, un proche de... M. Squarcini. [...] Bernard Squarcini a fait la connaissance de M. Sarkozy en 2002, à son arrivée à Beauvau ; mais il avait déjà travaillé sous l'autorité de Claude Guéant, alors directeur général de la police, au moment des attentats de 1995. 'Squarcini, cela ne le dérange pas d'être catalogué comme sarkozyste, il en porte les stigmates', sourit un de ses proches, en référence à sa mutation à Marseille. 'En matière de nominations, reconnaît Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales et bras droit du ministre de l'intérieur, l'essentiel du travail est fait.'
Nommer des proches aux postes clés, flatter les vanités, s'assurer les fidélités : le procédé n'est pas nouveau. Cette pratique permet de supporter les épreuves, quelle que soit leur nature [...] 'Ici, je serai mieux protégé par les 500 000 fonctionnaires que par les militants de l'UMP', avait lancé M. Sarkozy à son retour à Beauvau, en juin 2005, pour convaincre ses partisans sceptiques. [...] 'Je veux que Christian Lambert et Bernard Squarcini soient auprès de moi." Il n'aura pas à attendre longtemps pour le premier. Rapatrié à l'automne 2005 de la Corse où il occupait la fonction de préfet délégué à la sécurité, il gère les CRS. "

NB: Claude Guéant est actuellement le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy

2/ Pour une justice docile

Les lois Perben I (promulguée en septembre 2002) et Perben II (en 2004) accentuent la dépendence de l'institution judiciaire vis-à-vis de l'exécutif et portent atteinte à de nombreuses libertés fondamentales. Pour plus de détails, voici deux documents très intéressants:

Critique de la loi Perben I par le Syndicat de la Magistrature (document pdf)
Critique de la loi Perben II par le Syndicat de la Magistrature (document pdf)