25.12.07

Oscar Peterson (2)

Au début de l'été, je publiais sur ce blog un message sur un grand musicien, Oscar Peterson.

Il devait y avoir une suite, mais je suis rapidement retourné à l'objet principal de ce blog: l'actualité sociale et politique.

Oscar Peterson est mort dimanche à l'âge de 83 ans.


Parmi les très nombreux albums d'Oscar Peterson, je vous conseille "We get requests" (Verve, 1964). Il joue en trio avec Ray Brown (contrebasse) et Ed Thigpen (batterie).
Voici ce qu'écrit Jacques Réda au sujet de cette formation: "c'est avec ces deux partenaires que le pianiste a donné les plus convaincants exemples de ces ressources dans le dosage des contrastes, la rigueur de la construction ; dans les plus délicates nuances de la mélodie, de l'harmonie et du rythme au swing constamment profond et spontané"
("Oscar Peterson, le dernier pianiste", in L'improviste, p. 356)

21.12.07

Horace Silver "Senor Blues" 1959

Ci-dessus: extrait d'un superbe concert de Horace Silver en Europe. Quelques années après avoir co-fondé les Jazz-Messengers avec Art Blakey (1953). Mais quelques années avant l'enregistrement de l'album Song for my Father (1963-1964, écoutez donc "Que Pasa"...)

20.12.07

Suggestion de journaliste

Aujourd'hui on peut lire dans Le Monde un entretien du Ministre de la Défense, Hervé Morin (ex-UDF rallié à Sarkozy: on ne dit pas "vil larbin" mais "Nouveau Centre").

Une question du journaliste (Laurent Zecchini) relative à l'Afghanistan mérite vraiment d'être citée comme modèle du genre dans les "écoles" de journalisme:
"Les troupes françaises sont cantonnées à Kaboul, une région plutôt sûre comparée au sud du pays. N'est-il pas temps pour la France de faire un effort supplémentaire en envoyant des troupes dans le Sud ?"

Morin répond par la négative. Mais il aurait répondu de même aux questions ci-dessous (que le sage Zecchini se garde bien de poser):

- N'est-il pas temps pour les 2000 militaires français de rentrer chez eux?
- N'est-il pas temps pour les avions de chasse français de quitter Kandahar pour aller faire des loopings au Bourget?
- N'est-il pas temps de quitter cette terre occupée depuis l'automne 2001?
(à droite: oui vous l'aviez deviné, il s'agit de Zecchini)

15.12.07

Un "problème de ligne éditoriale"

1/ Le Monde Diplomatique affiche 500 000 euros de pertes, change de direction, et pourrait être vendu.

Selon Pierre Jeantet, président du groupe Le Monde, Le Monde diplomatique "a pour vocation d'être pluraliste envers l'ensemble des gauches".
Belle formule. Je suis très loin d'être fan de I. Ramonet (président du directoire) et B. Cassen (directeur général). Mais si le "pluralisme" c'est la soumission au social-libéralisme...

C'est bien ce que veut dire Jeantet: "l'altermondialisme a fait 0,5% aux dernières élections. Le Monde diplomatique a un problème de ligne éditoriale. Il n'a pas fait sa mutation."
On trouve certainement des lecteurs du Monde diplomatique parmi les électeurs du PCF (1.93%), de la LCR (4.08%), des Verts (1.57%), de Bové (1.32%)... Mais le problème n'est pas là: les difficultés financières que traverse Le Monde Diplomatique reflètent celles de tout le secteur de la presse. Et risquent d'être utilisées pour remettre en cause l'existence d'un média de gauche qui n'est pas aligné sur le social-libéralisme. Existence intolérable à l'heure des "mutations"...

2/ De son côté, Edwy Plenel nous annonce la création d'un nouveau média impertinent et "indépendant" : MediaPart. A retenir: Benoît Thieulin, co-fondateur de MediaPart, fut l'artisan de la campagne web de Ségolène Royal... Un gage de pluralisme "envers l'ensemble des gauches"?

3.12.07

Qui parle?


A ma connaissance, la manipulation des médias français n'avait jamais atteint un tel niveau, même pendant la campagne du référundum sur le traité constitutionnel européen.

Durant la campagne du référundum sur la nouvelle constitution vénézuellienne, les mensonges ont succédé aux mensonges.

Encore aujourd'hui, alors que le "non" l'a emporté, on peut lire des articles suggérant que le Vénézuela est une dictature. Etrange dictature, bien plus démocratique que la France à vrai dire... Etrange "coup d'Etat" que celui qui consiste à se soumettre au résultat des urnes...

* Je lis sur le site du Monde que la réforme proposée par Hugo Chavez "devait lui permettre de se présenter indéfiniment à la présidentielle et lui conférer le droit de censurer la presse en situation de crise"
"Exactement comme en France" aurait-on pu ajouter... (relire la Constitution de 1958!)

* Je lis ensuite que "cet ex-officier putschiste, dont le régime entretient des relations exécrables avec les Etats-Unis, entendait également établir une économie collectiviste". Deux remarques:

1/ "ex-officier putschiste" est devenu - depuis environ 6 mois - l'expression favorite des médias pour désigner le Président Vénézuelien. Il existe une variante: "ex-colonel putschiste" (j'attends que George Bush soit systématiquement qualifié d'"ex-ivrogne-qui-a-vu-la-Vierge"...)
Comme tous les médias reprennent en coeur ces expressions diffusées par toutes les agences de presse (Reuters, AFP etc.), on est en droit de se demander d'où provient cet étrange engouement simultané. Je ne peux m'abstenir de penser à toutes les officines de la CIA, comme par exemple la National Endowment for Democracy et des "fondations" dérivées. L'accès à toute la documentation nécessaire se trouve ici.
Lire aussi: Le Monde encense un journaliste de RCTV employé par les Etats-Unis

2/ Ce que Le Monde appelle "une économie collectiviste", c'est une économie dans laquelle le rôle économique de l'Etat n'est plus d'encourager l'initiative privée (Constitution de 1999) mais de développer "diverses formes d’entreprises et unités économiques de propriété sociale, aussi bien directe ou communale qu’indirecte et étatique, comme les entreprises et unités économiques de production ou distribution sociale, celles-ci peuvent être de propriété mixte entre l’Etat, le secteur privé et le pouvoir communal, en créant les meilleures conditions pour la construction collective et coopérative d’une Economie Socialiste".
L’article 115 de la constitution de 1999 garantissait la propriété privée. Dans le nouveau projet, il garantit "les différentes formes de propriété". L'objectif ? Un modèle économique "intermédiaire", "fondé sur les valeurs humaines de la coopération et la prépondérance des intérêts communs sur les intérêts individuels, [un modèle qui garantisse] la satisfaction des nécessités sociales et matérielles du peuple, la plus grande somme de stabilité politique sociale et la plus grande somme de bonheur possible" (article 112).
L'article 90 réduit la journée de travail à 6h par jour.
L'article 87 stipule la création d'une Sécurité Sociale pour tous les travailleurs (y compris les "indépendants", c'est-à-dire ceux de l'économie informelle, jusqu'ici exclus).
L'article 318 soumet la banque centrale au pouvoir exécutif.

* Je lis (toujours dans Le Monde): "Pour l'instant, nous n'avons pas gagné", a-t-il lancé, en allusion à la formule célèbre qu'il avait prononcée après l'échec du premier coup d'Etat qu'il avait tenté le 4 février 1992".
Pourquoi parler de "premier" coup d'Etat alors que Chavez n'en a tenté qu'un seul ?
Pourquoi ne pas préciser que ce coup d'Etat visait à renverser le gouvernement de Carlos Andres Perez?
Pourquoi ne pas préciser que ce gouvernement avait massacré l'insurrection populaire du 27 février 1989 en tuant des milliers de manifestants?
Pourquoi ne pas préciser que Chavez est allé en prison pour ce coup raté, mais qu'il est ainsi devenu un symbole d'espoir pour la très grande majorité?
Pourquoi ne pas préciser qu'il y a bien eu une seconde tentative de coup d'Etat, contre Chavez cette fois-ci, en avril 2002 ? Que ce coup d'Etat a porté Pedro Carmona, le patron des patrons, a la tête de l'Etat... avant d'en être délogé par les manifestants et l'armée. Que ce coup d'Etat a été fomenté par la CIA avec l'aide de quelques généraux vénézueliens et de RCTV ? Que l'on dispose de toutes les preuves? etc.

30.11.07

Le vent qui tourne...

Après l'OPA sur Jean Jaurès et Guy Moquet, la droite réactionnaire voulait poursuivre son offensive visant à récupérer des symboles de gauche.

La mairie de Clermont-Ferrand est à gauche depuis la fin de la 2ne guerre mondiale. Un cas (presque) unique: seule la mairie de Limoges est dans la même situation.

Or, depuis des mois, Brice Hortefeux fait campagne à Clermont. Oui, Brice le lieutenant de Sarkozy. Brice le Ministre "de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du co-développement". Tout un symbole donc: le Brice prenant la Mairie de Clermont ce serait un peu comme John Wayne prenant le Kremlin.

Avec la prise du pouvoir, la prise de confiance.

Mais... vous savez quoi?

Finalement, Brice Hortefeux vient de renoncer. Terminator jette l'éponge. Il a beau expliquer que c'est en raison de son poste de Ministre, il doit y avoir autre chose... Parce que ces derniers mois, la perspective d'être à la fois maire et Ministre ne le gênait aucunement.

Leur politique aidant, Sarkozy et Fillon ont commencé à chuter dans les sondages. Il n'y a pas que les cheminots, les fonctionnaires et les étudiants à se mobiliser. On trouve des mécontents jusque dans les rangs des marins, des policiers et des hotesses de l'air. Ca vote plutôt à droite d'habitude... Alors est-ce que Brice commencerait pas à flipper un peu?

Il avait pourtant des "atouts" comme le rappelle Libération: son poste de Ministre des Collectivités Territoriales (sous Villepin) lui avait permis "de débloquer des subventions" dans le coin. Et puis il y a "le caveau de famille dans le département, son père conseiller municipal d'une petite commune, le grand-père maire après la Libération, l'aïeul fondateur d'une des entreprises concurrentes de Michelin". Sans oublier "son élection au conseil régional depuis 1992".

Mais voilà: cela ne semble pas suffire.
Alors très bon week-end!

20.11.07

réinventer l'anti-racisme

Il y a un mois et demi, je soulignais l'abjection du Monde qui appelait les immigrés à remercier les sénateurs de droite d'avoir voté une version amendée de la loi proposée par le Ministre de la Rafle et du Drapeau. Loi contenant bien d'autres mesures que celle des tests ADN.

Gérard Noiriel explique justement aujourd'hui, dans le "contre-journal" électronique de Libération, que le pouvoir a utilisé les tests ADN pour faire passer sans débat l'essentiel de sa réforme:

"Nous avons un train de retard. La stratégie des responsables de l'UMP intègre désormais nos protestations [...]
Les stratégies de pouvoir sont efficaces, en ce sens qu'elles imposent des problèmes d'actualité. Contester, c'est accepter le problème. J'ai fait une analyse de la campagne électorale de 2007, on voit parfaitement comment ce thème de l'identité nationale qui n'avait rien de neuf, a été repris, sans argument nouveau, par l'ensemble des grands partis politiques et par les médias comme quelque chose de fondamental. C'est de cette manière-là que Nicolas Sarkozy a récupéré les voix dont il avait besoin du côté du Front national pour gagner les élections. Aujourd'hui, le ministère de l'immigration et de l'identité nationale étant en place, il faut l'alimenter. On voit une stratégie qui vise à utiliser des mots qui font 'tilt' dans l'opinion. Ce n'est pas un hasard: ADN d'un côté, statistiques ethniques de l'autre. Et l'on est piégé, parce que d'un côté, on ne peut pas laisser passer ça, mais d'un autre côté, ces oppositions contribuent à en faire des thèmes considérés comme prioritaires pour la France [...]
Il faut mettre sur la table toutes ces questions. Y compris au niveau du vocabulaire. Parce que l'anti-racisme a tendance à tourner en rond [...]
Il faut réfléchir à la façon de reconstituer des fronts qui pourraient surprendre par rapport aux attentes du pouvoir. Des formes d'action inédites. Collectives."

Mais là, Noiriel botte en touche. Il rappelle sa démission (action courageuse, mais qui dont la forme n'est pas "inédite") et ajoute: "C'est la responsabilité des nouvelles générations de trouver ses solutions inédites"

19.11.07

Paroles

- Quelle est donc la parole de l'Etat après l'agression d'une institutrice de Grigny?
"La meilleure des préventions c'est la répression". (Gérard Moisselin, préfet de l'Essonne).

- Non, ce n'est pas un canular: dans le dernier numéro du "Point", Alain Duhamel tente de réhabiliter "Monsieur Thiers" (lire Fontenelle à ce sujet).

- A l'heure où la CFDT justifie son renoncement à la grève en affirmant "on gêne de plus en plus les usagers". A l'heure où les clubs réactionnaires financés par l'UMP (Stop la grève, UNI, Liberté Chérie) se répandent injures et contrevérités sur les grévistes, avec la complicité des médias, rappelons ces quelques mots de Jack London: "Judas Iscariote était un homme profondément digne en comparaison avec le briseur de grève. Car après avoir trahi son maître, il eut la force de caractère de se pendre. Le briseur de grève ne l'a pas".

15.11.07

26 comités locaux de Ni putes ni soumises ont démissioné "en bloc".


"La politique de ce gouvernement va à l'encontre de toutes les valeurs que Ni putes ni soumises a portées. Comment Fadela Amara a-t-elle pu laisser passer les tests ADN, les peines planchers ou la réforme de la justice des mineurs ? Quand je l'ai vue à la télé sourire derrière Christine Boutin, qui refusait toute réquisition de logement pour les familles de la rue de la Banque, je me suis dit : où sont passées ses convictions ?"

(Safia Lebdi, l'une des cofondatrices du mouvement)

Prolétaires de tous les pays...

Au moins 6 256 personnes ayant servi dans l'armée ont mis fin à leurs jours en 2005 rapporte la chaîne CBS dans une enquête diffusée le 14 novembre. Soit une moyenne de 120 suicides par semaine, 17 par jour...

L'enquête porte sur les 25 millions d'anciens militaires que comptent les Etats-Unis. 1,6 million d'entre-eux ont combattu en Afghanistan et en Irak. Le département des anciens combattants dépense 3 milliards de dollars par an pour des services spécialisés dans la santé mentale.

Une étude publiée la semaine dernière montre que les anciens combattants représentent un quart des sans-abri aux Etats-Unis, alors qu'ils ne représentent que 11 % de la population adulte. Selon l'étude, citée par le Times, au moins 1 500 anciens combattants des guerres d'Afghanistan et d'Irak auraient déjà été identifiés comme sans-abri. L'organisme chargé d'aider cette population (The National Alliance to End Homelessness) estime qu'en 2006 il y avait 195 827 vétérans sans-abri.

12.11.07

La manipulation "anti-grève"

Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement Supérieur, dénonce le caractère "politique et national" du mouvement de contestation dans les Universités. Les blocages sont "d'abord politiques" s'insurge-t-elle. Comme si la politique était sale. Mais que fait Valérie Pécresse, si ce n'est de la politique? Et que fait Nicolas Sarkozy, si ce n'est de la politique?

Depuis une semaine, les opérations manipulatoires contre les grèves sont lancées. Elles ont été soigneusement préparées par des conseillers en "com". Elles bénéficient de larges financements patronaux, de vastes relais médiatico-institutionnels et d'une élaboration très... politique. Voici 3 exemples (et une photo-souvenir!):

1/ C'est la Conférence des Présidents d'Université (CPU) qui a ouvert le bal. Pour son Président et porte-parole, Michel Lussaut: "l'appel à l'abrogation de la loi est un prétexte à une contestation contre le gouvernement. Il y a manifestement une orchestration pour qu'il y ait convergence des luttes… Les arguments avancés dans les assemblées générales relèvent le plus souvent du fantasme. A Tours, certains étudiants disent que grâce à cette loi, le président pourra recruter des contractuels et que le conseil d'administration va accueillir des patrons en son sein. Cela fait vingt ans que c'est le cas!".

Ce sont les arguments de Monsieur le Président de la Conférence des PDG d'Université qui "relèvent du fantasme". Cela fait 20 ans que la précarité des personnels croît dans tous les services publics, y compris à l'Université. Mais ce n'est pas une raison pour aquiescer, pour accepter! Encore moins pour accentuer ce phénomène. Or, cette loi va aggraver la précarité puisqu'elle légalise l'utilisation de CDD "pour occuper des fonctions techniques et administratives » et « pour assurer des fonctions d’enseignement et de recherche ». Cette loi va asservir l'Enseignement et la Recherche, puisqu'elle accorde un droit de veto aux Présidents pour les recrutements et les mutations de personnels (chapitre II, article 6). Cette loi va détériorer les conditions de travail puisqu'elle remet aux Présidents un contrôle concernant les services, les carrières et les choix scientifiques.

Bien sûr, cette intervention de la CPU n'a rien de politique. Elle n'a - bien sûr - rien à voir avec le fait que la Conférence des Présidents d'Université attend depuis longtemps cette nouvelle loi qui accorde des pouvoirs exorbitants... aux Présidents d'Université! La petite mise en scène de Michel Lussaut ne trompe personne.

2/ Après les Présidents d'Université, on entend beaucoup les anti-bloqueurs. "Les étudiants antiblocages sortent du silence" (Le Parisien). Mais, comme le remarque Sébastien Fontenelle:

Six mots, et, déjà, un mensonge, car dans la vraie vie, évidemment, les "antiblocages" (dont nul(le) ne sait au juste combien ils sont) ne sont pas du tout silencieux: les télés, qui n'aiment rien tant que lécher le fondement du gouvernement, se sont même fait une priorité absolue de leur tendre leurs puants micros. Ce minuscule détail n'empêche absolument pas Le Parisien de faire comme si une "majorité silencieuse" de "milliers d'étudiants mécontents d'être privés de cours" était aussi privée de tout moyen de communication.

Le Parisien a donc "donné" ce matin "la parole" à ces milliers de vrais-faux sans-voix.Pour ce faire, Le Parisien a rencontré, à Jussieu, "Aymeric et ses camarades" - soit, tout de même, six témoins.(Quand Le Parisien, affirme que des milliers d'étudiants sortent du silence, qu'est-ce que ça veut dire, par conséquent? Ca veut dire que six étudiants ont répondu aux questions d'un (courageux) envoyé spécial du Parisien...)

Le Parisien l'affirme: Aymeric et ses potes "sont des étudiants de 20 ans "absolument pas politisés"".Or, tu le sais, ami(e): quand un mec se pointe, et te balance crânement qu'il n'est pas (du tout) politisé, il s'agit, soit d'un pauvre neuneu égocentré, soit d'un admirateur (plus ou moins) caché du régime qui veut privatiser les facs.(Il peut aussi être l'un et l'autre.)

Là, par exemple? Le Parisien, je le répète, nous assure qu'Aymeric et ses copains ne sont absolument pas politisés. Penses-tu. Mais si tu regardes bien ce qu'ils disent, tu réalises qu'ils mettent leurs pas dans les pas de Valérie Pécresse (et des médias qui mentent), et caquètent, au mot près, que le gréviste moyen est une "caricature" de "gaucho".

D'ailleurs, Le Parisien finit par cracher le morceau - sans même réaliser, je le crains, que ces quelques mots trahissent un foutage de gueule de très gros niveau: "Les six amis comprennent d'autant moins les blocages prévus qu'ils n'ont rien contre la loi Pécresse".Et en effet, non seulement ils n'ont rien contre, mais ils seraient même plutôt pour, estimant que: "Si elle peut encourager les entreprises privées à investir chez nous (à Jussieu), c'est une bonne chose".

Voilà donc des gens qui parlent exactement comme le régime, qui disent tout haut ce que Valérie Pécresse (et le MEDEF) disent tout haut - mais Le Parisien, où l'on doit quand même nous prendre pour des gros(ses) débiles, nous promet qu'ils ne sont pas du tout politisés.Ca porte un nom: c'est de l'intoxication. Et bien évidemment, elle a une fonction: elle vise à entériner le discours officiel d'un régime qui a finalement compris que l'automne serait chaud pour sa gueule, et qui essaie, de toutes ses forces, de minimiser l'ampleur d'un mouvement social qui ne cesse de gagner en puissance.D'un régime qui met partout son idéologie dégueulasse, mais qui veut nous faire croire que l'enfer idéologique, c'est les autres, les grévistes.

3/ Les "syndicats" de droite. L’UNI est en train de se structurer, des affiches "anti-grèves" fleurissent aux abords des Universités. Une délégation de l’UNI-Lycée a été reçue par la Ministre - Mme Valérie Pécresse - mardi 23 Octobre 2007.
Comment est financée l’UNI ? On peut s'interroger. D'autant que l'on sait maintenant qu'il existe des caisses anti-grèves financées par le patronat. Comme celle de l’UIMM-Medef. A elle seule, cette caisse secrète se chiffre en millions d’euros. En liquide.
Cette fortune en liquide permet de "fluidifier les relations sociales". C'est Denis Gautier Sauvagnac qui le dit, et il est bien placé pour le savoir. La police (le Tracfin) a découvert cette caisse noire le 26 septembre. Une enquête est ouverte. Mais juste une enquête préliminaire : faudrait pas pousser, hein? Depuis 48 jours, la Ministre de la justice a “oublié” d’ouvrir une enquête... Elle n’a pas nommé de juge d’instruction... Madame Dati semble hésiter: est-ce que détourner quelques millions d'euros constitue un délit ?

Au fait, comme de nombreux membres de l'UMP, Sarkozy est un ancien de l’UNI... Voici sa photo (avec les cheveux longs) en 1976 en tête d’un cortège d’étudiants antigrévistes... Déjà ! Il s’apprête aujourd'hui à faire déferler une propagande contre les étudiants et les salariés (personnels d’Air France, cheminots, gaziers, fonctionnaires etc) pour soumettre les Universités à la concurrence et allonger la durée de cotisation de TOUS les salariés (41 ans, 42...) .

9.11.07

Gloire à Doudou Diène !

Mercredi 7 novembre. Pour illustrer son discours sur la "banalisation politique" du racisme, Doudou Diène a accusé Nicolas Sarkozy de s'être inscrit dans "une dynamique de légitimation du racisme".
M. Diène a également dénoncé "la criminalisation et le traitement exclusivement sécuritaire des questions relatives à l'immigration". "En France, le projet de loi introduisant les tests ADN dans la procédure de traitement administratif des postulants au regroupement familial constitue aussi une illustration de cette stigmatisation de l'immigré", a-t-il ajouté.

Ces paroles n'ont pas été prononcées à la fin d'une manifestation, mais lors d'une session de la 3ème commission de l'Assemblée générale des Nations unies. Doudou Diène est le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.

Bien sûr, le représentant de la France au sein de la troisième commission a répliqué en jugeant les accusations du rapporteur "infondées et irresponsables". Le président français "a réaffirmé dans ses discours et ses actes que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités", a expliqué le diplomate, qui a assuré que les tests ADN ne seraient pratiqués que "sur une base volontaire".

Mais les critiques de Doudou Diène n'avaient rien "d'infondées".

"La criminalisation" des immigrés est bien un processus à l'oeuvre: rafles, fichage, sous les yeux d'une population trop souvent indifférente...

Le Président français - je veux dire "ses discours et ses actes" - s'inscrivent effectivement dans une dynamique de légitimation du racisme. Le discours de Dakar est raciste (voir ici et ). Ajoutons quelques meetings et quelques "lettres aux rapatriés" à caractère nationalistes et colonialiste. Pour les actes... il suffit de suivre l'actualité législative.

Aussi Doudou Diène a-t-il repris la parole: "Il était essentiel que le président français, Nicolas Sarkozy, sache que le discours de Dakar a causé une blessure profonde". "Dire devant des intellectuels africains qu'ils ne sont pas entrés dans l'histoire s'inspire des écrits racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles".
Merci M. Diène.

7.11.07

"Moi j'ai travaillé Monsieur"


Sarkozy s'énerve à Guilvinec
Vidéo envoyée par LePost

Les spéculations vont bon train sur les paroles du marin-pêcheur qui ont provoqué l'énervement et les risibles bafouillements de Sarkozy.

"140%!"... ça on l'entend distinctement. Dans une autre séquence vidéo, Sarkozy a quand même le culot de répondre à un marin qui se référait lui aussi à sa scandaleuse augmentation: "vous savez que ce n'est pas vrai". Effectivement. La presse vient d'ailleurs de rectifier: c'est une augmentation de 172% et non de 140% que les députés UMP viennent d'attribuer au Président (qui est aussi le patron de l'UMP).

Déstabilisé, Sarkozy a la bêtise de rétorquer: "si tu crois que c'est comme ça que l'on va résoudre les problèmes des pêcheurs". Il oublie sans doute qu'il parle justement... à un pêcheur! D'ailleurs, face à eux il s'exprime exactement de la même façon que sur la dalle d'Argenteuil, lorsqu'il avait employé le terme "racaille" pour la première fois...

Sarkozy roule des mécaniques. Qu'il est facile d'apostropher un marin ("Descends un peu le dire!" ) lorsque l'on est entouré d'une meute de gardes du corps.

Face aux marins, Sarkozy se vante d'être venu, de ne pas être resté à l'Elysée comme ses prédécesseurs. Mais le mépris Présidentiel est évident lorsque Sarkozy se détourne de cette femme qui lui dit: "Moi, j'ai travaillé Monsieur". Face à elle, il sent qu'il n'est pas de taille. Que ses actes ne sont pas conformes à son discours de campagne sur la nécessité d'aider "la France qui se lève tôt". La femme ajoute juste: "Laisse moi causer un peu". Et que trouve-t-il à répondre? "Si vous parlez comme ça je ne vous parle pas".

La séquence vidéo ne permet pas de tout entendre. Et j'ai lu d'intéressantes suggestions à propos de la phrase qui a suscité le pétage de plomb du Président. Par exemple:
"Tu serais pas foutu de pêcher un cachalot dans la piscine de Bolloré !".

30.10.07

Bernard Kouchner...

Le 30 octobre, lors d'une conférence de presse, le Ministre des Affaires Etrangères (i.e. Bernard Kouchner) a défendu la présence de Total en Birmanie. Peu original puisqu'il l'avait déjà fait en 2003 moyennant quelques paquets d'oseille...

Mais ce qui est nouveau, c'est l'argumentation:

"Imaginez que nous fermions le robinet de Total [en Birmanie], qui souffrira ? La population de Birmanie et la population de Thaïlande. Qui remplacera les Français? D'autres"

Ainsi le Ministre sarkozyste avance d'abord l'idée qu'il défend la présence de Total pour éviter des souffrances supplémentaires à la population Birmane (population que Total exploite, mais Kouchner avait été rémunéré pour affirmer le contraire).

Le Ministre avance ensuite un argument fort différend: s'il défend la présence de Total, c'est pour éviter que la place ne soit prise par "d'autres". Capital contre Capital. Version tellement plus franche...

NB: "D'autres" (Chevron et Petroleum Authority of Thailand Exploration & Production) sont déjà présents en Birmanie. Mais jusqu'ici Total tient le haut du pavé...

19.10.07

Trop d'émotion

- Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a critiqué "l'inquiétude purement politicienne, corporatiste, idéologique" des enseignants qui refusent de lire aux lycéens la lettre de Guy Môquet. "Je ne sais pas quelle est l'éthique de ces professeurs-là, pour qu'ils prennent en otage un moment d'émotion collective".

Cette éthique là est celle qui autorise la critique. Celle qui ne s'interdit pas "l'inquiétude". Même, et surtout, lorsqu'il s'agit d'un "moment d'émotion collective". Pour Guaino, "toute personne lisant cette lettre ne peut pas ne pas être émue"... Et alors?! L'émotion conduit-elle toujours vers le vrai et, puisque c'est d'éthique dont on nous parle, vers le juste et le bien? N'est-il pas légitime de s'inquiéter des usages de ce qui suscite l'émotion de façon automatique? J'espère donc qu'il y a beaucoup de "preneur d'otages" parmi les enseignants.
Par ailleurs, je ne sais pas quelle est "l'éthique" de Guaino pour écrire des discours paternalistes et racistes*...

- Le "grand moment d'émotion collective" auquel on aurait échappé si les règles avaient été respectées, c'est la victoire du XV de France sur les All Blacks. Le directeur des arbitres au sein de l'International Rugby Board a en effet reconnu jeudi 18 octobre que le match avait été entaché de, non pas une, ni même deux, mais trois erreurs d'arbitrage défavorables à l'équipe de Nouvelle-Zélande! Les Bleus s'étaient imposés 20-18 lors de ce quart de finale, notamment grâce à un essai marqué sur un "en-avant"...

- L'entraîneur de l'équipe de France de rugby et futur secrétaire d'Etat aux Sports, Bernard Laporte, et ses sociétés sont visés par une enquête fiscale écrit L'Equipe: "Au terme de près d'un an d'enquête et d'une quinzaine de perquisitions, la direction nationale d'enquêtes fiscales (DNEF) a mis au jour une série d'irrégularités dont les plus graves pourraient être transmises à la justice" (lequipe.fr). Interrogé, Bernard Laporte déclare : "Vous croyez que moi, je vais aller dans une société faire des malversations ? ".
Non, on ne croit rien. Mais on sait par ailleurs que Laporte Bernard a encaissé de confortables plus-value en revendant ses parts dans des casinos du bassin d'Arcachon. Ces casinos avaient obtenu les autorisations pour installer des machines à sous. Pas les concurrents. Autorisations délivrées par le Ministère de l'Intérieur. A l'époque... Sarkozy.
On sait aussi que François Deluga a porté plainte au pénal, et devant la commission des comptes, au sujet des comptes de campagne de l'UMP. Des histoires de permis de construire d'une société immobilière dont le gérant s'appelle Laporte Bernard...
On sait aussi que tout cela doit être écrit. En détail. Sans émotion. Et l'on sait que Le Canard Enchainé sort tous les mercredi.

* Guaino a écrit l'allocution de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, prononcée à l'Université de Dakar (Sénégal), le 26 juillet 2007 :
"... Je ne suis pas venu vous faire la morale.
Mais je suis venu vous dire que la part d'Europe qui est en vous est le fruit d'un grand péché d'orgueil de l'Occident mais que cette part d'Europe en vous n'est pas indigne.
Car elle est l'appel de la liberté, de l'émancipation et de la justice et de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Car elle est l'appel à la raison et à la conscience universelles.
Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l'homme échappe à l'angoisse de l'histoire qui tenaille l'homme moderne mais l'homme reste immobile au milieu d'un ordre immuable où tout semble être écrit d'avance.
Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin.
Le problème de l'Afrique et permettez à un ami de l'Afrique de le dire, il est là. Le défi de l'Afrique, c'est d'entrer davantage dans l'histoire. C'est de puiser en elle l'énergie, la force, l'envie, la volonté d'écouter et d'épouser sa propre histoire.
Le problème de l'Afrique, c'est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l'éternel retour, c'est de prendre conscience que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé.
Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance...
"

11.10.07

Certains ont plus de "fluide" que d'autres...


NOM: Denis Gautier-Sauvagnac

FONCTION: Président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM)

PROBLEME ACTUEL: des policiers "s'intéressent pour l'heure à la trentaine de comptes détenus par la fédération patronale dans plusieurs établissements bancaires. L'UIMM détenait ainsi trois comptes à la BNP. Sur le premier, Denis Gautier-Sauvagnac a fait retirer en liquide 5,64 millions d'euros de 2000 à avril 2007. [...] Sur un deuxième compte, les enquêteurs ont découvert, entre 2000 et juillet 2007, des retraits en liquide à hauteur de 4,3 millions d'euros, ce qui fait un total de fonds mis à jour de près de 10 millions d'euros. Les opérations financières sur le troisième compte BNP, et sur d'autres, comme ceux détenus par l'UIMM à la banque Martin-Morel, n'ont pas encore été expertisées." (Le Monde, 11-10-07).

DEFENSE ACTUELLE: "M. Gautier-Sauvagnac, qui continue dans un climat difficile à mener les négociations sur la modernisation du marché du travail, a été brièvement entendu par les enquêteurs, expliquant que l'argent retiré servait à "réguler les relations sociales". Devant des proches, il avait aussi assuré que ces retraits étaient destinés "à fluidifier les relations sociales"."

REMARQUE: Va-t-il continuer sur sa lancée? Je demande ça parce que "fluidifier les relations sociales", c'est-à-dire arroser les directions des syndicats de salariés, cela aide beaucoup lorsque l'on mène "des négociations sur la modernisation du marché du travail", surtout lorsqu'elles ont lieu "dans un climat difficile"...

5.10.07

Droits de l'homme mon cul

"En faisant droit aux arguments des défenseurs des droits de l'homme et en respectant des principes inscrits à l'unanimité dans les lois bioéthiques, les sénateurs de droite ont évité à Nicolas Sarkozy, pour cette fois, de payer le prix des voix qu'il a enlevées à Jean-Marie Le Pen. Le président de la République peut leur dire merci. Les immigrés aussi."
C'est la conclusion délirante d'une tribune d'un journaliste du Monde, Patrick Jarreau, publiée ce vendredi 5 octobre.

Cette loi sur l'immigration (la 4ème en 5 ans...) ferait "droit aux arguments des défenseurs des droits de l'homme". Et les immigrés devraient REMERCIER les "Sénateurs de droite" d'avoir voté une version édulcorée de la loi défendue par le Ministre de la Rafle et du Drapeau, le bon Brice Hortefeux.
Edulcorée... par rapport à la première version. Rappelons qu'en dépit des modifications concernant les tests ADN, cette loi demeure abjecte. Elle lève, par exemple, l'interdiction du recueil de "données ethniques" pour des études sur la mesure de la diversité et des discriminations. Elle interdit, par exemple, l'accès à des structures d'hébergement d'urgence aux personnes ne pouvant " justifier de la régularité de (leur) séjour sur le territoire". Voilà, entre autres, ce qui se trame au Palais Bourbon, dans l'enceinte du Luxembourg.

Le même jour, à une station et demi de là (ligne B): "un homme d'une quarantaine d'années disant être désespéré de ne pouvoir obtenir la régularisation de son séjour en France a tenté de s'immoler par le feu vendredi matin devant le palais de justice de Paris". Après s'être "aspergé vers 09h30 de cinq litres de white spirit, un solvant inflammable, et menacé à grands cris de s'enflammer en brandissant un briquet". "Un détachement de gardes s'est rendu sur place avec les pompiers et a discuté avec lui. Un capitaine en civil a réussi à le maitriser. Il a été pris en charge par les pompiers et conduit à l'hôpital de l'Hôtel Dieu". "L'homme déclare être égyptien et assure qu'il réside en France depuis 22 ans avec femme et enfants sans pouvoir obtenir de titre de séjour régulier". (Reuters).
- Le journaliste du Monde: Allez Bamboula, pose ton briquet et dis merci aux Sénateurs de droite!
- (silence)

15.9.07

Des chiffres et des hommes

Lettre ouverte aux policiers syndicalistes

La chasse aux sans-papiers conduit à des situations humainement insupportables que leur conscience ne peut ignorer.
Par Brigitte Wieser et Richard Moyon, Membres du Réseau Education sans frontières.
(Libération, vendredi 14 septembre 2007)

Les consignes données aux services de police de faire du chiffre à tout prix en matière de chasse aux étrangers en situation irrégulière conduisent de plus en plus fréquemment à des situations humainement insupportables. Opérations massives et répétées dans les quartiers populaires et aux sorties de métro, contrôles d’identité au faciès (pudiquement couverts du terme d’extranéité), interpellation d’hommes et de femmes qui ne sont en rien des délinquants mais dont le tort est d’avoir cru trouver un avenir pour eux et surtout pour leurs enfants.

L’humiliation des menottes, de la fouille au corps, de la cellule crasseuse ; le coup de fil à la famille pour dire que papa ou maman ne rentrera pas ce soir… ni les suivants ; la prostration ou la rage, les tentatives de suicide, les automutilations ; les scènes de désespoir dans les avions, les coups, les passagers écœurés. Et maintenant les familles arrêtées à domicile, au petit matin, papa maman menottés devant les enfants, ou les grévistes de la faim arrêtés aux ­urgences des hôpitaux.

La question de l’immigration ne sera pas résolue de cette façon. Quand on a affaire à des milliers d’individus prêts à se jeter à mains nues sur les barbelés de Ceuta et de Melilla ou à s’embarquer sur des rafiots dont ils savent que presque la moitié n’iront pas au bout du voyage, la police française ne les arrêtera pas, et heureusement, parce qu’il y faudrait les moyens de la dictature ! Les chiffres annuels exigés des préfectures (125 000 mises en cause, 25 000 expulsions réparties en quotas départementaux, par exemple 45 pour l’Aisne, 60 pour la Marne, 111 pour les Ardennes, 75 pour la Somme, 3 680 pour Paris…) sont monstrueux dans leur formulation même. Ce délire planificateur n’est utile qu’à la gloire du ministre. Cela ­vaut-il de briser des vies par dizaines de milliers, de faire faire un sale boulot aux fonctionnaires, de leur faire expulser des gamins qui sont peut-être dans la classe de leurs propres enfants et de les faire passer pour des brutes en France et à l’étranger ?

Que peuvent penser les policiers quand, comme cela se produit régulièrement à Paris, des habitants (et pas des voyous !) se rassemblent pour prévenir les étrangers, saboter les rafles et parfois les contraindre à partir sous les huées ? Quand, comme à Amiens, un enfant de 12 ans prend le risque de se tuer en tombant du quatrième étage plutôt que d’avoir affaire à la police française ? Quand des enfants, ceux des sans-papiers mais aussi leurs copains de classe, ont la peur au ventre lorsqu’ils croisent un uniforme ? Quand leur action conduit une jeune femme de 22 ans à être incarcérée pendant que son mari se cache et que son enfant de 2 ans est confié à l’aide sociale à l’en­fance ? Quand on leur demande de procéder à des expulsions en moins de quarante-huit heures pour échapper au contrôle du juge des libertés et de la détention ? Quand, comme cela s’est produit en Guinée, des voyageurs croient se venger en molestant des policiers de la PAF ?

Nous ne pouvons pas croire que cela ne pose pas de vrais problèmes de conscience à un grand nombre de policiers. Nous le savons, en réalité, à le lire dans les yeux des gendarmes qui, dans les en­ceintes des tribunaux administratifs, voient des enfants arrachés aux bras de leur père maintenu en rétention, par le récit de sans-papiers qu’un policier humain a laissé filer, par ce que nous disent discrètement des policiers bien plus nombreux qu’on ne croit, parfois très gradés.

Les policiers ont, comme tout le monde, le droit (le devoir !) de s’interroger sur les missions qu’on leur confie. La traque des étrangers, les contrôles au faciès, la chasse aux enfants, aux nourrissons et aux amoureux, le démantèlement des familles : tout ce qu’on leur impose pour la gloriole d’un communiqué satisfait n’est pas acceptable. Il ne s’agit pas de rendre les policiers responsables de décisions politiques prises par d’autres. Mais que leurs syndicats fassent entendre leur voix pour dire que la coupe est pleine. Qu’on ne fera pas faire n’importe quoi aux fonctionnaires, et qu’au-dessus de lois de circonstances et de la démagogie existent des valeurs au service desquelles ils devraient être.

6.9.07

Psychanalyse sociale-libérale

La phrase du jour, on la doit à Pierre Moscovici

In-
dé-
nia-
ble-
ment.



Au moment où l'ancien ministre "socialiste" Hubert Védrine remet à Nicolas Sarkozy un rapport soulignant l'urgence de rompre avec une "méfiance stérile" vis-à-vis de la mondialisation, Pierre Moscovici - député et secrétaire national du PS aux relations internationales - lâche:
"Nous nous sommes laissés dominer par notre sur-moi gauchiste".

Relisez bien cette phrase, admirez le vocabulaire employé, savourez le style...
Le style seulement, parce que sur le fond, Moscovici s'est déjà fait doubler. Par Ségolène Royal qui estimait en juin dernier avoir perdu la Présidentielle parce qu'une proposition du programme du PS n'était "pas crédible".
Quelle proposition? Tout le pouvoir aux soviets? Non, il s'agissait seulement de porter (en cinq ans) le SMIC à 1500 euros... brut. Au rythme actuel de l'inflation, le SMIC sera automatiquement porté à ce niveau en 2012. La proposition incriminée visait donc à maintenir le pouvoir d'achat des 18% de salariés percevant le SMIC... et réserver par conséquent 100% des gains de productivité de ces salariés pour les profit ou l'investissement. Bref, une vraie proposition de droite jugée gauchiste par la candidate "socialiste"...

A propos du "sur-moi gauchiste"...
Pierre Moscovici est le fils d'une psychanalyste et d'un célèbre psychologue social.
En 1984, Moscovici quittait la LCR.
En février 1994, il publiait un bouquin intitulé A la recherche de la gauche perdue.
Le député "socialiste" cherche encore...

Délinquants en cols blancs

On apprend aujourd'hui par l'AFP qu'à l'occasion d'une exposition sur le bicentenaire du code de commerce au tribunal de commerce de Paris, "le chef de l'Etat a soulevé les applaudissements d'un parterre de chefs d'entreprises conduit par Laurence Parisot, présidente du Medef, en répondant favorablement à plusieurs de leurs demandes-clefs." L'explication de cette explosion de joie tient en 3 points.

1/ D'abord il a annoncé un projet de loi pour étendre la procédure de "sauvegarde" des entreprises, créée en 2005, et qui permet aux sociétés en difficulté de suspendre leurs paiements à leurs fournisseurs et leurs créanciers. Bref, les "capitaines d'industrie" et autres chevaliers capitalistes veulent prendre le moins de risque possible...

2/ Ensuite, le chef de l'Etat a répété qu'il allait limiter les poursuites pénales contre les sociétés et a précisé que Rachida Dati avait créé un groupe de travail à ce sujet.
"Ma présence en ce tribunal est l'occasion de répéter que la pénalisation à outrance de notre droit des affaires est une grave erreur, je veux y mettre un terme", a-t-il dit, répétant les mots d'un discours controversé au Medef vendredi dernier.
Cette annonce a suscité une levée de boucliers des syndicats de magistrats, qui craignent un enterrement des "affaires". L'ancienne juge d'instruction Eva Joly s'est exprimée mardi pour rappeler que la délinquance financière portait préjudice à la vie économique du pays, par les fonds détournés. "C'est un extraordinaire et étrange choix que de choisir de soutenir les délinquants contre les victimes", a-t-elle dit.

La position de Sarkozy est simple: "Comment comprendre que dans les cas qui ne mettent en cause que des intérêts privés et pécuniaires, il puisse encore être fait recours au droit pénal ?", a-t-il dit. Parce que la corruption et les abus de biens sociaux ça ne nuit pas à l'intérêt public peut-être?!

3/ "Enfin, Nicolas Sarkozy a implicitement écarté toute réforme des tribunaux de commerce, institution très critiquée. Composée de commerçants et d'industriels élus par leurs pairs pour régler les faillites et cessions, elle est souvent accusée de traiter les dossiers en fonction d'intérêts privés.
Une réforme introduisant des magistrats professionnels dans ces juridictions avait été envisagée sous la gauche en 1998, puis abandonnée après de vives protestations du corps."

Le plus affligeant c'est l'argumentation du Président: "Vous êtes des chefs d'entreprises et des cadres dirigeants, pragmatiques et efficaces, je me sens donc en confiance avec vous. (...) Les comportements d'une infime minorité ont été présentés comme la règle. Vous avez su vous réformer et placer l'éthique au coeur de votre fonction".

23.8.07

faux Candides

Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Fillon, s'est donc rendu à Bagdad. Ce qui a permis à Noël Mamère de le tourner en ridicule (caniche de Bush etc.). Sympathique intervention mais... il vaut mieux lire le Times (ou tout autre journal un peu renseigné) que d'écouter le député des Verts . On comprend tout de suite mieux.

Total et Chevron ont signé l'an dernier (pourquoi ne l'apprend-on que maintenant?) un accord pour exploiter ensemble le champ pétrolier de Majnoon. Il s'agit de la 4ème réserve de pétrole en Irak. Elle est située près de la frontière iranienne.Total, Chevron et les responsables irakiens se sont ensuite rencontrés en juin pour discuter de la mise en oeuvre de cet accord, même si le gouvernement irakien n'est pas encore impliqué. "Il n'y a pas d'accord de partage de production" sur Majnoun car la législation sur les hydrocarbures n'a pas encore été ratifiée, note-t-on en assurant toutefois que "le contrat de services offre une large avance" à Total et Chevron. Et... vous savez quoi? Le Parlement irakien doit examiner la loi sur les hydrocarbures début septembre.

A l'issue de sa visite de trois jours à Bagdad, on a eu droit à une brillante déclaration de Kouchner: "J'ai senti qu'il y avait un manque de confiance entre les différents groupes et dirigeants" (mardi 21 aout).

Kouchner parle, rappelons-le, d'un pays occupé militairement depuis 4 ans et demi.

Il parle d'un pays où les attentats meurtiers sont quotidiens.

Il parle d'un pays où plusieurs factions s'affrontent au sein même de l'appareil d'Etat.

Et dans ce pays, il y a, ô surprise, un "manque de confiance". Si ce n'est pas de la perspicacité...

Pendant ce temps, à Washington, George W. Bush tente de convaincre de la nécessité de poursuivre l'occupation: "Le peuple américain ne sera jamais en sécurité tant que le peuple du Proche-Orient ne connaîtra pas la liberté que notre Créateur destinait à tous" (22 aout). Quand la sécurité des Etats-Unis coïncide avec les plans divins, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...

21.8.07

Allègrement droitier

Deux bonnes nouvelles viennent illuminer cette pluvieuse semaine:
1/ Claude Allègre s'apprête à quitter le PS. Il se dit "bluffé" par Nicolas Sarkozy! Savourons l'expression...
2/ L'ami Fontenelle est enfin de retour, et il est en forme: http://vivelefeu.blog.20minutes.fr/

2.8.07

Cécilia? Non: Thalès, Sagem, BP, EDF et Areva

Les infirmières bulgares? "Un grain de poussière dans l'œil d'un énorme ouragan où se croisent des intérêts gigantesques. Je savais que de grands contrats d'armes et de concessions [d'exploration de pétrole] seraient conclus". C'est ce qu'affirme le chef du renseignement bulgare, le général Kirtcho Kirov, au quotidien 24-Tchassa (24-Heures). Les derniers évènements lui donnent raison:

- Fin mai, le groupe pétrolier britannique BP profite de la visite de Tony Blair en Libye pour signer un contrat de prospection gazière de 900 millions de dollars.

- Le 28 juin, Abdel Basset Ali Al-Megrahi, citoyen libyen emprisonné depuis 2001 à Glasgow pour sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en 1988 (270 morts), a été autorisé par une commission judiciaire écossaise à faire appel, pour la deuxième fois, de sa condamnation à la prison à vie.

- Le 24 juillet, les infirmières sont libérées

- Le 25 juillet, la France promet d'étudier la livraison d'un réacteur nucléaire à la Lybie. Officiellement, il s'agit de "désaliniser l'eau" (... ce qui fait rire les spécialistes puisque cette opération ne nécessite pas de technologie nucléaire). L'accord implique EDF et surtout Areva, qui s'intéresse à des gisements d'uranium situés dans le Sud libyen et aux stocks dont dispose déjà Tripoli (1600 tonnes).

- Le 1er aout, Saïf Al-Islam Kadhafi révèle les détails de l'affaire, dans un entretien accordé au Monde: Le fils du colonel Kadhafi affirme d'abord qu'il a bon espoir qu'Ali Al-Megrahi sera renvoyé prochainement en Libye. "Nous allons bientôt avoir un accord d'extradition avec le Royaume-Uni", dit-il "Nos gens, ajoute-t-il, en parlant d'officiels libyens, étaient à Londres il y a un mois environ", pour en discuter. "Oui", répond-il lorsqu'on l'interroge sur les rapports existant entre l'affaire Al-Megrahi et celle des infirmières. Mais il décrit aussi un contrat d'armement avec la France:
"D'abord, l'accord recouvre des exercices militaires conjoints, bien sûr. Puis, nous allons acheter à la France des missiles antichar Milan, à hauteur de 100 millions d'euros je pense. Ensuite, il y a un projet de manufacture d'armes, pour l'entretien et la production d'équipements militaires. Vous savez que c'est le premier accord de fournitures d'armes par un pays occidental à la Libye [...] des représentants de Thalès et de Sagem sont en Libye en ce moment même ?"
Il affirme aussi qu'"aucun argent libyen" n'a été versé aux familles d'enfants libyens malades du sida. D'où viennent donc les plus de 400 millions de dollars? "Ce que je peux dire, c'est que les Français ont arrangé le coup. Les Français ont trouvé l'argent pour les familles. Mais je ne sais pas où ils l'ont trouvé".


- Le 1er aout, un porte-parole du ministère des affaires étrangères britannique a nié tout lien entre une décision de la justice britannique sur Abdel Basset Ali Al-Megrahi, ancien agent libyen impliqué dans l'attentat de Lockerbie, et la libération des infirmières bulgares.

- Le 1er aout, le Président Sarkozy affirme qu'il n'y a eu "aucune" contrepartie à la libération des infirmières bulgares.

Post-Scriptum: non seulement le fils Kadhafi n'a pas menti, mais il a même sous-évalué les sommes en jeu. On apprend en effet par le gouvernement libyen (2 aout) puis (3 aout) par Hervé Morin, ex-UDF devenu Ministre de la Défense grâce à son ralliement à Sarkozy, l'existence de deux contrats "en voie de finalisation", portant sur l'achat de missiles antichar Milan et d'un sytème de communication radio, pour un montant total de... 296 millions d'euros.

1.8.07

4 et 4 font 8

Le chef de l'état-major interarmes de l'US Army, l'amiral Michael Mullen, a assuré mardi devant la commission des forces armées du Sénat, que la présence militaire des Etats-Unis en Irak se prolongerait non pas de quelques mois, mais "de trois à quatre ans". Soit 8 ans d'occupation depuis l'invasion impérialiste survenue en mars 2003.

6.7.07

Elan de sincérité


1 500 soldats australiens participent actuellement à l'occupation de l'Irak.
Le 5 juillet, le ministre de la défense australien, Brendan Nelson, a affirmé: "Evidemment, le Moyen-Orient, pas seulement l'Irak mais la région entière, est un important fournisseur d'énergie, de pétrole en particulier, pour le reste du monde. Et les Australiens, et nous tous, devons bien considérer ce qui arriverait en cas de retrait prématuré des troupes en Irak."

Visiblement gêné par ce grand élan de sincérité, le premier ministre, John Howard, a tenté de récupérer le coup: "Nous n'y sommes pas à cause du pétrole, et nous n'y sommes pas allés à cause du pétrole. Nous n'y restons pas à cause du pétrole. La raison pour laquelle nous restons, c'est parce que nous voulons donner au peuple d'Irak la possibilité d'installer la démocratie."
Selon Le Monde: "Les médias australiens observent par ailleurs que le premier ministre a lui-même reconnu l'intérêt énergétique du pays lors de son discours, jeudi. Sans mentionner directement le pétrole, il a ainsi expliqué que la "demande énergétique" était l'une des raisons pour lesquelles la réussite de la coalition en Irak était importante." (07/07/07)

29.6.07

Oscar Peterson (1)

Pour l'été, je m'écarte un peu du thème de ce blog. Il n'y a pas que la politique dans la vie.

Il y a aussi la musique.

J'écoute Oscar Peterson depuis quelques temps, et l'on vient de m'offrir de nouveaux disques de lui. Il faut dire que ce pianiste, né en 1925, a sorti plus de 400 disques...

Voici quelques réflexions sur sa musique, à partir d'un article de Jacques Réda intitulé "Oscar Peterson, le dernier pianiste" (il figure dans son livre: L'improviste, une lecture du jazz, Gallimard Folio, pp. 346-58).

Jacques Réda note d'abord que cette musique que le public apprécie beaucoup, les critiques ne l'ont pas réellement comprise. Tous reconnaissent ses nombreuses qualités: sensibilité, technique, imagination, swing... Mais pour certains, "la présence phénomènale de Peterson s'interprète comme excédentaire". Il en fait trop, n'a rien à dire. Pour d'autres, Peterson n'est qu'un "pur et simple phénomène". "Non interprétative, la critique la plus louangeuse n'explique pas pourquoi, à l'inverse des phénomènes qui l'ont précédé et rendu possible, celui-là reste sans postérité".

C'est ce que Jacques Réda se propose d'expliquer, lui qui considère qu'arrivant "au bout de la chaîne", "Peterson ressentit à la fin du jazz comme une prodigieuse redondance".

"Il réempoigne vers 1950 toute l'histoire du jazz au piano, et - l'augmentant de toute sa force et de toute sa vitesse personnelles - il la rebrasse et la redouble d'autant plus hardiment que c'est une prouesse superflue: tout est dit et Oscar Peterson ne sert à rien, sinon à Peterson où aboutit la longue série d'engendrements, de réactions, d'emprunts, de ruptures qui le constituent, et l'obligent à se porter lui-même à bout de bras. Il est le luxe dont l'histoire du jazz en bout de course se couronne. Mais l'inquiétude n'est pas absente de ce dernier couronnement, et c'est dans l'intense activité presque fiévreuse, dans la surabondance qu'elle se trahit. Comme si d'abord, et la fin proche, Peterson se hâtait de faire ruisseler toutes les notes qui, parce que l'histoire est allée trop vite, n'ont pu être jouées avant lui ; comme si encore l'espace équivoque de la fin pouvait être malgré tout comblé par quelque utltime et titanesque effort dressant contre elle un torrent mélodique infranchissable"

Oui. Et c'est justement ce qui est superbe dans l'oeuvre de Peterson. Certes, une musique qui "ne sert à rien" car elle ne dit rien de nouveau. Celle de Parker était "à proprement parler inouïe" (lire l'article "La coupure de Charlie Parker" dans le même recueil). Celle de Peterson "rebrasse", "redouble". Elle ne sert à rien... si ce n'est de jouer des notes qui n'avaient pu l'être car "l'histoire est allée trop vite". Et ce n'est pas rien, pas tout à fait. Car cette urgence a une influence directe sur le style de Peterson. Il faut se hâter de "faire ruisseler toutes les notes" et de dresser "un torrent mélodique". C'est ce style, ce jeu que Jacques Réda décrit dans la suite du texte, dont voici un extrait:

"Powell semble toujours vouloir pulvériser un obstacle ; Peterson se propose plus modestement d'arroser, avec toutefois une ardeur et une profusion quasi lyriques. Aussi pouvons-nous prendre un plaisir égal au sien, quand la vanne s'ouvre à fond d'un seul coup et que le tuyau exécute une gigue fantastique dans l'herbe et au-dessus des massifs, avant que sa pluie heureuse et drue ou caresssante ne nous asperge [...]

Lorsqu'il expulse sur une seule ligne ces fourmillements de goutelettes dont chacune semble calibrée au centième de millimètre, mais garde son éclat et sa densité individuels pour tracer, avec toutes celles qui précipitamment la précèdent ou sans se bousculer la poursuivent, de longues liquides lanières associant le caprice, l'imprévu, la logique, et finissant parfois par se confondre en un viole impalpable de mousseline d'eau. A compter des premières années 50, l'histoire fluviale de Peterson n'est autre que celle d'une croissante maîtrise de ce système..."

(ci-dessus, à droite: Peterson peint par Raymond Moretti)

22.6.07

Ministre de la rafle et du drapeau

"Fidèle" est probablement l'adjectif le plus employé par les médias pour décrire Brice Hortefeux.

Né en 1958 à Neuilly-sur-Seine, d'un père banquier et d'une mère enseignante, Brice Hortefeux a suivi les mêmes études que Sarkozy: droit (Maîtrise en 1984) puis Sciences-Po. Les deux hommes se sont connus en 1976, lors de la création du RPR. Ils sont proches: Brice était le témoin du premier mariage de Nicolas, c'est aussi le parrain de son fils. Fonctions:
  • En 1986, il quitte Sc. Po. sans diplôme car il a réussi le concours d'administrateur territorial. Il le reste jusque 1993. Il est, depuis 1992, élu au Conseil régional d'Auvergne.

  • Chef du cabinet de Nicolas Sarkozy entre 1993 et 1995, quand celui-ci est Ministre du budget.

  • Hortefeux est nommé Préfet en 1995. Il est chargé de mission au cabinet du président du Sénat de 1998 à 1999.

  • Au RPR, Hortefeux est d'abord secrétaire départemental de la fédération du Puy-de-Dôme (1991-2001) puis membre du comité politique (1998-2002).

  • En 2004, il devient secrétaire général délégué de l'UMP. Il assure actuellement la présidence par intérim du parti (avec Gaudin et Méhaignerie)

  • En 1999, lorsque Sarkozy abandonne son poste de député européen, Hortefeux le remplace. Il est élu député européen en 2004.

  • Il démissionne de ce poste pour devenir Ministre délégué aux Collectivités territoriales dans le gouvernement de Dominique de Villepin.

  • Il semble vouloir prendre la Municipalité de Clermont-Ferrand (seule grande ville française - avec Limoges - à être à gauche depuis la Libération)

Actuellement:
"Ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement"
...

Au sujet de l'expression "Ministre de la rafle et du drapeau", que j'emprunte à Richard Moyon, membre de RESF (écouter): je dois préciser que le terme "rafle" désigne une pratique qui n'est pas spécifique à une période historique (la deuxième guerre mondiale). La rafle n'est pas la déportation. Ce ne sont pas des synonymes. La rafle peut être suivie, ou non, de déportation. Ici, il s'agit "d'expulsion" et non de "déportation", mais le caractère massif des expulsions prouve indubitablement qu'il y a eu "rafle".

En 2005, Sarkozy affirmait: "Le nombre des mesures d'éloignement d'étrangers en situation irrégulière exécutées a fortement augmenté: 12 000 en 2003, 15 000 en 2004, nous dépasserons 20 000 en 2005, sachant qu'un objectif de 25 000 sera fixé en 2006." Au final, + 140% d'expulsions en 5 ans.

Cela exige l'usage de certaines méthodes. Comme l'explique Dominique Vanstaevel: "Il est difficile de croire que pour parvenir à un tel résultat, la police se soit contentée de faire de la cueillette artisanale. La police a commis —et commet encore — des rafles (métro, ateliers, hôtels). Donc, l’usage du terme "rafle" est loin d’être usurpé dès lors qu’il s’agit de qualifier des opérations de police telles que nous en voyons dans certains quartiers de Paris, avec bouclage de rues, intervention massive dans les lieux publics ou privés..."

Or, Brice Hortefeux entend poursuivre la politique engagée par "son ami de trente ans". Dès le 4 juin 2007, il a annoncé aux responsables des forces de l'ordre les objectifs à atteindre en 2007 en matière de lutte contre l'immigration clandestine... "Eloigner" 25.000 sans-papiers.

"Le ministre a défini un objectif de 125.000 personnes mises en cause pour infractions à l'entrée et au séjour des étrangers", précise aussi le communiqué...

20.6.07

Les responsables

Rumsfeld et le Pentagone étaient au courant de ce qui se passait à Abou Ghraib
Le général chargé de la première enquête sur le scandale de la prison irakienne affirme dans The New Yorker que la hiérarchie militaire était au courant des abus perpétrés sur les détenus par les soldats américains.

De hauts responsables du Pentagone, dont l'ancien ministre de la défense Donald Rumsfeld en personne, ont été directement impliqués, du moins en tant que donneurs d'ordres, dans les méthodes abusives d'interrogatoire pratiquées à la prison d'Abou Ghraib en Irak. C'est ce qu'affirme, dans un article publié le 18 juin par le magazine The New Yorker, le général deux étoiles Antonio Taguba qui a mené la première enquête sur le traitement réservé aux prisonniers irakiens dans cette prison et qui aurait été contraint, de ce fait, à prendre une retraite anticipée.

Le général affirme avoir été frappé d'ostracisme par le Pentagone après la remise de son rapport exhaustif sur les désormais tristement célèbres sévices commis à Abou Ghraib qui ont déclenché un tollé dans le monde entier et ont conduit à une refonte des politiques américaines en matière d'interrogatoire et de détention.

Au cours de ses nombreux entretiens avec le journaliste du New Yorker, Seymour Hersh, Antonio Taguba a assuré qu'on lui avait ordonné de limiter ses investigations aux simples soldats qui figuraient sur les photos avec les prisonniers, ainsi qu'à leur unité. Il a pourtant toujours pensé que ces hommes avaient agi sur ordre venu d'en haut. A son avis, le haut commandement en Irak était forcément au courant des techniques d'interrogatoire agressives en vigueur dans la prison d'Abou Ghraib qui ressemblaient d'ailleurs à celles utilisées pour les prisonniers importants du centre de détention de Guantanamo Bay à Cuba.

Antonio Taguba accuse également l'ancien ministre de la Défense Donald Rumsfeld d'avoir menti au Congrès lorsqu'il a témoigné, en mai 2004, sur l'enquête en minimisant ce qu'il savait des abus. Le général assure qu'il avait rencontré le ministre de la défense et ses proches collaborateurs la veille même de cette audition.
"Je sais que mes pairs de l'armée seront furieux que je parle, mais le fait est que nous avons violé les lois de la guerre à Abou Ghraib. Nous avons violé les conventions de Genève. Nous avons violé nos propres principes et nous avons violé le cœur de nos valeurs militaires. Le stress au combat ne constitue pas une excuse, et je pense, aujourd'hui encore, que les chefs militaires et civils responsables doivent répondre de leurs actes."

Josh White, Amy Goldstein, San Francisco Chronicle (trad. par Courrier International)

18.6.07

Armadillidium Vulgare

S'il y en a bien un qui m'horripile, c'est Jean-François Copé.
Parcours de droite classique. Né dans les Hauts-de-Seine, ce fils de chirurgien a fait Sc. Po et l'ENA avant d'enseigner l'économie à Sc. Po. et Paris-8.
RPR puis UMP. Il a notamment été porte-parole du gouvernement Raffarin et Ministre délégué au budget des gouvernements Raffarin et Villepin.

Copé est une tête à claques. Le fayot de l'UMP.

Copé c'est aussi celui qui a, lors d'une réunion publique, qualifié des militants de gauche de "cloportes" et "résidus" : « Quand on est capable, un jeudi matin, d'envoyer une petite cohorte de cloportes un peu agressive, venue m'expliquer qu'ils étaient là pour sauver la démocratie [...] ça m'amuse parce que chez moi, à Meaux, nous avons aussi quelques résidus de cette nature ». (07/06/07). Voir la vidéo
Chers amis,
Ne dites plus "Jean-François Copé" mais Armadillidium Vulgare : ça fait savant et c'est bien plus précis.

9.6.07

Boucherie Productions


Ce qui est bien avec Eric Le Boucher (qui s'occupe de la chronique "économie" au Monde), c'est qu'il suffit de lire la première et la dernière phrase pour savoir ce qu'il y a entre les deux.

Ca va plus vite.

Si, si ça marche! Par exemple, cette semaine ça donne très exactement ceci:

"Ce qu'il y a d'hyper-sympa avec l'hyper-capitalisme est qu'il change tout le temps et toujours beaucoup plus vite qu'on l'imagine [...] L'hyper-capitalisme est hyper-sympa mais hyper-compliqué."

Bref, avant même de nous instruire de la "complexité" du monde, Le Boucher nous préviens que ce monde est "sympa".

Post-scriptum: ne pas oublier qu'en 2003, Eric Le Boucher avait inventé la délicieuse expression « 21 avril social ». Comparer la mobilisation sociale contre la réforme Fillon avec la mobilisation électorale en faveur du FN, voilà le genre d'exploit qui sied bien au héraut de "l'hyper-capitalisme".

3.6.07

Internationale du Capital







Le 18 mai 2007, le Président Colombien avait affirmé vouloir lancer une intervention militaire pour libérer les otages des FARC, ajoutant: "il n'y aura pas de petits jeux avec ces bandits des Farc" et les traitant à l'occasion de "nazis"

"Les Farc répètent à nouveau au président Nicolas Sarkozy et au peuple français leur engagement formel à parvenir à un échange de prisonniers pour lequel la démilitarisation des municipalités de Florida et de Pradera (sud-ouest) est indispensable", avait écrit Raul Reyes, le numéro deux des Farc, dans un communiqué du 24 mai 2007.

Après s'être entretenu avec le président Sarkozy, le Président Uribe, avait ensuite annoncé sa décision de libérer de nombreux guérilleros des FARC.
Pour justifier ce virage à 180°, Uribe avait invoqué une mystérieuse "raison d'Etat", promettant de s'expliquer le 2 juin.

Nous sommes le 3 juin et, finalement, le Président Colombien ne s'est pas expliqué. 187 guérilleros des FARC ont été transférés depuis leur prison vers un "centre de détention provisoire". Leur libération semble imminente. La mesure concernerait même un de leurs dirigeants, Rodrigo Granda, qui refuse, comme l'exigeait le gouvernement colombien, de renoncer à la lutte armée.

Selon le quotidien colombien El Tiempo, la libération (programmée) de Rodrigo Granda serait une demande directe du Président Sarkozy, qu'il devrait d'ailleurs rencontrer prochainement à Paris.

Je me demande si Sarkozy obtiendra la libération (symbolique) d'Ingrid Betancourt avant les Législatives?
Comme les sondages donnent l'UMP à "420 à 460 sièges" (ce qui est déjà sidérant), je me demande si la manipulation pourrait conduire à une Assemblée nationale entièrement bleue? Je rappelle qu'il y a 577 sièges à pourvoir.

Je me demande surtout quelle est cette "raison d'Etat" invoquée par Uribe? Qu'a donc promis Sarkozy?
Citant El Tiempo, Le Monde affirme: "En contre-partie du geste du président colombien, M. Sarkozy se serait engagé à accorder son soutien à M. Uribe, fragilisé sur la scène internationale"

C'est-à-dire?

Les liens étroits du gouvernement Uribe avec les paramilitaires ayant perpétré de nombreux massacres, et la découverte de plusieurs fosses communes, ont terni son image jusqu'aux Etats-Unis. Des élus du parti Démocrate commencent à contester le soutien absolu accordé par Bush à Uribe. Ce dernier cherche-t-il de nouveaux appuis en Europe? De quelle nature? On voit mal la France fournir autant que les USA (500 millions de dollars par an) pour financer le terrorisme d'Etat.

A suivre...

31.5.07

Les geôles de l'Oncle Sam


Un Saoudien détenu dans la prison de Guantanamo est mort mercredi 30 mai. Il se serait apparemment suicidé.
L'an dernier, après un triple suicide sur la base navale, une diplomate du département d'Etat avait estimé qu'il s'agissait d'un "coup médiatique" pour attirer l'attention du monde entier, une remarque que son ministère avait jugé malencontreuse.
Au total, près de 800 prisonniers sont passés par le camp de Guantanamo depuis son ouverture dans les mois qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001. Quelque 380 y sont toujours détenus, certains depuis cinq ans sans avoir été inculpés, ni jugés.
En 2006, John Negroponte, directeur des services secrets nationaux américains, et criminel de guerre (remember Nicaragua...), refusa que l’on impose des "limites intolérables" aux méthodes utilisées par les officiers des services secrets pour faire parler les suspects.
Bref, il demandait que la torture soit autorisée.
Il a été entendu. Une nouvelle législatation a été adoptée.
Le président du Centre pour les droits constitutionnels (CCR) a expliqué qu'elle "permet au président Bush de passer sa propre interprétation des Conventions de Genève par un ordre exécutif et il protège la CIA et les personnels militaires de poursuites pour des violations passées".
Vous avez dit "intolérable", Monsieur Negroponte?

22.5.07

Berlusconi & Cie

PARIS (Reuters) - Laurent Solly, ancien directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy, rejoindra à partir de mercredi le groupe Bouygues avant d'aller "en temps voulu" à la direction générale de la chaîne de télévision privée TF1, a annoncé le groupe de BTP et de communication.

13.5.07

Le sabre et le goupillon...

Provocations policières
LE MONDE 12.05.07 15h15 • Mis à jour le 12.05.07 15h15

Un peu avant 22 heures, dimanche 6 mai, dans la cité des "3000" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la police intervient sans ménagement. Alors que la situation est parfaitement calme, une douzaine de policiers, casqués, se précipitent sur un groupe d'habitants et plaquent au sol, violemment, deux jeunes gens. Dans une grande confusion, les forces de l'ordre donnent des coups de matraque, touchant plusieurs personnes. A plusieurs reprises, ils font usage de leurs flash-balls - des armes qui projettent des balles en caoutchouc pouvant assommer un adulte - en direction des habitants.

L'attitude de la police provoque une réaction immédiate de la trentaine de jeunes qui se mettent à jeter des pierres et des bouteilles sur les forces de l'ordre. Des CRS arrivent rapidement en renfort et dispersent la foule. Ils repoussent durement les adultes, dont des animateurs, qui tentent d'apaiser les esprits. Le conseiller général PS du secteur, Gérard Ségura, qui avait fait le tour de la cité pour alerter les jeunes sur les risques de "provocations" des forces de l'ordre, voit un policier pointer son flash-ball à "20 cm" de son menton. La scène a été racontée dans Le Monde du 8 mai.
Au moment où ils interviennent dans la cité dite Rose-des-Vents, les policiers ne savent pas qu'un journaliste du Monde et un photographe, Freddy Muller, sont sur place depuis la fin de l'après-midi. Notre reportage visait alors deux objectifs : recueillir les réactions des habitants après la victoire de Nicolas Sarkozy et raconter, le cas échéant, d'éventuelles violences urbaines. Les "3000" n'avaient pas été choisis par hasard : au premier tour, Ségolène Royal a obtenu 66 % des suffrages dans le bureau de vote central, signe d'un fort rejet de Nicolas Sarkozy ; et des rumeurs d'"émeutes" avaient circulé dans ce quartier, réputé parmi les plus durs d'Ile-de-France.

Mais Aulnay présentait un autre intérêt : le fait de bien connaître la cité et ses habitants permettait de faire venir un photographe en toute sécurité - démarche de plus en plus délicate dans les quartiers sensibles - et de pouvoir rester sur place pendant la nuit. Ce reportage s'inscrit en effet dans un investissement de long terme dans ce quartier "ghetto" de 18 000 habitants. Depuis novembre 2005, c'est la 20e fois que nous venons rencontrer les habitants.

La confiance établie avec eux rendait possible le fait d'être témoin direct du cycle de violences et de vengeances entre jeunes et policiers qui perturbent régulièrement la vie de cette cité. Ainsi, le soir du 6 mai, c'est la police qui paraît brutale, illustrant les nombreux témoignages de "bavures" recueillis depuis dix-huit mois dans le quartier. Les jeunes, comme les adultes, dénoncent notamment les contrôles d'identité à répétition et les interpellations rugueuses. D'autres font état d'insultes régulières, en particulier de la part des CRS.

Quelques mois plus tôt, c'était la police qui était victime de violences "gratuites" : pendant les émeutes de 2005, l'antenne de police du quartier avait été incendiée ; le 19 octobre 2006, un équipage était violemment agressé ; une semaine plus tard, un groupe de mineurs brûlait des voitures. Une illustration, sur le long terme, de la "double radicalisation" dont parlent les sociologues à propos des rapports entre jeunes et policiers dans les quartiers.

Luc Bronner
Article paru dans l'édition du 13.05.07

10.5.07

Victimes des bombes impérialistes

03 mai: Au moins 13 civils afghans ont été tués dans un raid des forces de la coalition jeudi soir dans la région de Maroof, dans la province méridionale de Kandahar, près de la frontière pakistanaise, annonce un responsable politique local.
Ces décès portent à 70 le nombre de civils tués dans les combats cette semaine.
"Toutes les victimes sont des civils", a déclaré à Reuters Janan Gulzai, membre de l'Assemblée provinciale.
[...] Mercredi, 2.000 étudiants ont scandé des slogans anti-américains et hostiles au président Hamid Karzaï, soutenu par Washington, dans la province de Nangahar (Est), où six civils ont été tués dimanche.
Des manifestations ont également eu lieu dans la province de Herat, près de la frontière iranienne, dans l'ouest du pays, où selon le chef de la police 30 civils ont été tués ces derniers jours par les forces sous commandement américain.
Ces pertes civiles placent Karzaï et les forces étrangères dans une situation difficile, alors que s'intensifient les attaques rebelles. [...] Plus de 4.000 personnes, dont un millier de civils, ont péri l'an dernier dans les pires combats qu'ait connus le pays depuis la chute des taliban fin 2001." (REUTERS)

10 mai: "Cinq Irakiens, dont deux enfants, ont été tués par les tirs d'un hélicoptère Apache, mardi 8 mai, a reconnu l'armée américaine mercredi. L'attaque a eu lieu près de la ville de Mandali, dans la province de Diyala, au nord de Bagdad. Les cinq victimes étaient des passants. [...] Un cheikh de la tribu de Nida avait pour sa part assuré avoir "interrogé les Américains dans la région, qui ont dit que l'hélicoptère avait été attaqué depuis un site à proximité de l'école". "Plus tard, une patrouille américaine est venue et s'est excusée en disant qu'il s'agissait d'une erreur commise par le pilote", avait-il souligné." (LE MONDE / REUTERS)

8.5.07

réactions à la Réaction

Le candidat de l'UMP a été élu avec 53.06% des suffrages.

Laurence Parisot, Présidente du MEDEF, a déclaré: "Nous nous engageons à contribuer avec responsabilité et enthousiasme à l'écriture de la nouvelle page qui s'ouvre pour la France"

RESF (réseau Education Sans Frontières) "appelle à la poursuite de toutes les actions entreprises pour empêcher l'expulsion des familles et des jeunes sans papiers scolarisés".

Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) "lance un appel solennel à la poursuite de la résistance citoyenne et républicaine contre une politique du tout sécuritaire" ou "contre la chasse aux immigrés".

Le président d'AC le Feu, Mohamed Mechmache, a déclaré aux journalistes: "Il y a ceux qui vivent bien, les riches, et ceux qui vont continuer à souffrir beaucoup plus [...] La France n'a pas compris le message de ce qui s'est passé en octobre-novembre 2005, lorsque des émeutes ont éclaté ici, puis dans de nombreuses cités de France: aujourd'hui le décalage est énorme."

Pour le quotidien israêlien Maariv, l'élection de Nicolas Sarkozy est une "révolution française, grâce à laquelle un ami évident d'Israël accède à l'Elysée pour la première fois dans l'histoire de la Ve République".
Selon Le Monde (08-05-07), "chez les Palestiniens, l'élection de Nicolas Sarkozy, qui ne s'est jamais rendu dans les territoires palestiniens, signifie une nouvelle donne. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité, qui est allé, le 17 avril, saluer une dernière fois Jacques Chirac, espère que son successeur va "poursuivre son soutien au peuple et aux droits des Palestiniens". "