23.8.07

faux Candides

Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Fillon, s'est donc rendu à Bagdad. Ce qui a permis à Noël Mamère de le tourner en ridicule (caniche de Bush etc.). Sympathique intervention mais... il vaut mieux lire le Times (ou tout autre journal un peu renseigné) que d'écouter le député des Verts . On comprend tout de suite mieux.

Total et Chevron ont signé l'an dernier (pourquoi ne l'apprend-on que maintenant?) un accord pour exploiter ensemble le champ pétrolier de Majnoon. Il s'agit de la 4ème réserve de pétrole en Irak. Elle est située près de la frontière iranienne.Total, Chevron et les responsables irakiens se sont ensuite rencontrés en juin pour discuter de la mise en oeuvre de cet accord, même si le gouvernement irakien n'est pas encore impliqué. "Il n'y a pas d'accord de partage de production" sur Majnoun car la législation sur les hydrocarbures n'a pas encore été ratifiée, note-t-on en assurant toutefois que "le contrat de services offre une large avance" à Total et Chevron. Et... vous savez quoi? Le Parlement irakien doit examiner la loi sur les hydrocarbures début septembre.

A l'issue de sa visite de trois jours à Bagdad, on a eu droit à une brillante déclaration de Kouchner: "J'ai senti qu'il y avait un manque de confiance entre les différents groupes et dirigeants" (mardi 21 aout).

Kouchner parle, rappelons-le, d'un pays occupé militairement depuis 4 ans et demi.

Il parle d'un pays où les attentats meurtiers sont quotidiens.

Il parle d'un pays où plusieurs factions s'affrontent au sein même de l'appareil d'Etat.

Et dans ce pays, il y a, ô surprise, un "manque de confiance". Si ce n'est pas de la perspicacité...

Pendant ce temps, à Washington, George W. Bush tente de convaincre de la nécessité de poursuivre l'occupation: "Le peuple américain ne sera jamais en sécurité tant que le peuple du Proche-Orient ne connaîtra pas la liberté que notre Créateur destinait à tous" (22 aout). Quand la sécurité des Etats-Unis coïncide avec les plans divins, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...

21.8.07

Allègrement droitier

Deux bonnes nouvelles viennent illuminer cette pluvieuse semaine:
1/ Claude Allègre s'apprête à quitter le PS. Il se dit "bluffé" par Nicolas Sarkozy! Savourons l'expression...
2/ L'ami Fontenelle est enfin de retour, et il est en forme: http://vivelefeu.blog.20minutes.fr/

2.8.07

Cécilia? Non: Thalès, Sagem, BP, EDF et Areva

Les infirmières bulgares? "Un grain de poussière dans l'œil d'un énorme ouragan où se croisent des intérêts gigantesques. Je savais que de grands contrats d'armes et de concessions [d'exploration de pétrole] seraient conclus". C'est ce qu'affirme le chef du renseignement bulgare, le général Kirtcho Kirov, au quotidien 24-Tchassa (24-Heures). Les derniers évènements lui donnent raison:

- Fin mai, le groupe pétrolier britannique BP profite de la visite de Tony Blair en Libye pour signer un contrat de prospection gazière de 900 millions de dollars.

- Le 28 juin, Abdel Basset Ali Al-Megrahi, citoyen libyen emprisonné depuis 2001 à Glasgow pour sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en 1988 (270 morts), a été autorisé par une commission judiciaire écossaise à faire appel, pour la deuxième fois, de sa condamnation à la prison à vie.

- Le 24 juillet, les infirmières sont libérées

- Le 25 juillet, la France promet d'étudier la livraison d'un réacteur nucléaire à la Lybie. Officiellement, il s'agit de "désaliniser l'eau" (... ce qui fait rire les spécialistes puisque cette opération ne nécessite pas de technologie nucléaire). L'accord implique EDF et surtout Areva, qui s'intéresse à des gisements d'uranium situés dans le Sud libyen et aux stocks dont dispose déjà Tripoli (1600 tonnes).

- Le 1er aout, Saïf Al-Islam Kadhafi révèle les détails de l'affaire, dans un entretien accordé au Monde: Le fils du colonel Kadhafi affirme d'abord qu'il a bon espoir qu'Ali Al-Megrahi sera renvoyé prochainement en Libye. "Nous allons bientôt avoir un accord d'extradition avec le Royaume-Uni", dit-il "Nos gens, ajoute-t-il, en parlant d'officiels libyens, étaient à Londres il y a un mois environ", pour en discuter. "Oui", répond-il lorsqu'on l'interroge sur les rapports existant entre l'affaire Al-Megrahi et celle des infirmières. Mais il décrit aussi un contrat d'armement avec la France:
"D'abord, l'accord recouvre des exercices militaires conjoints, bien sûr. Puis, nous allons acheter à la France des missiles antichar Milan, à hauteur de 100 millions d'euros je pense. Ensuite, il y a un projet de manufacture d'armes, pour l'entretien et la production d'équipements militaires. Vous savez que c'est le premier accord de fournitures d'armes par un pays occidental à la Libye [...] des représentants de Thalès et de Sagem sont en Libye en ce moment même ?"
Il affirme aussi qu'"aucun argent libyen" n'a été versé aux familles d'enfants libyens malades du sida. D'où viennent donc les plus de 400 millions de dollars? "Ce que je peux dire, c'est que les Français ont arrangé le coup. Les Français ont trouvé l'argent pour les familles. Mais je ne sais pas où ils l'ont trouvé".


- Le 1er aout, un porte-parole du ministère des affaires étrangères britannique a nié tout lien entre une décision de la justice britannique sur Abdel Basset Ali Al-Megrahi, ancien agent libyen impliqué dans l'attentat de Lockerbie, et la libération des infirmières bulgares.

- Le 1er aout, le Président Sarkozy affirme qu'il n'y a eu "aucune" contrepartie à la libération des infirmières bulgares.

Post-Scriptum: non seulement le fils Kadhafi n'a pas menti, mais il a même sous-évalué les sommes en jeu. On apprend en effet par le gouvernement libyen (2 aout) puis (3 aout) par Hervé Morin, ex-UDF devenu Ministre de la Défense grâce à son ralliement à Sarkozy, l'existence de deux contrats "en voie de finalisation", portant sur l'achat de missiles antichar Milan et d'un sytème de communication radio, pour un montant total de... 296 millions d'euros.

1.8.07

4 et 4 font 8

Le chef de l'état-major interarmes de l'US Army, l'amiral Michael Mullen, a assuré mardi devant la commission des forces armées du Sénat, que la présence militaire des Etats-Unis en Irak se prolongerait non pas de quelques mois, mais "de trois à quatre ans". Soit 8 ans d'occupation depuis l'invasion impérialiste survenue en mars 2003.