13.6.06

De la répression...

Le mouvement des étudiants grecs demeure singulièrement absent de la presse française. La Grèce connaît pourtant son plus important mouvement étudiant depuis les années 1970.
La quasi-totalité des Universités est paralysée. Les enseignants, conformément aux consignes de leur puissant syndicat POSDEP, votent, AG par AG, en faveur de la proposition de grève illimitée.

Photo: étudiant grec blessé par les "forces de l'ordre" le 8 juin 2006

Rappelons que la cible de la mobilisation est un projet de loi du gouvernement de droite prévoyant:

* la création d'Universités privées
* l'application de nouvelles règles managériales dans les Universités publiques
* la remise en cause de l' « asile » universitaire (impossibilité pour la police d’intervenir sur le campus sauf accord des CA des universités)
* la réduction drastique de la possibilité des étudiants de repasser des examens

En France, le mouvement lycéen a été sévèrement réprimé. En 2006, celui contre le CPE a engendré 4350 interpellations (selon le Ministère de la Justice), soit 4 fois plus que durant le mouvement contre le CIP de Balladur (en 1994). Ces arrestations ont souvent été très violentes (fractures, points de suture etc.) mais aucun policier n'est à ce jour comparu pour répondre de ces exactions. La plupart du temps, les jeunes étaient arrêtés en fin de manifestation, sans raison apparente, juste pour "faire du chiffre". Un simple délit d'opinion.

Les tribunaux ont été particulièrement sévères, et les Procureurs ont généralement suivis les consignes qu’ils ont reçu de leur Ministre de tutelle, Pascal Clément. Une circulaire datée du 24 mars 2006, relative aux réponses pénales aux infractions commises à l’occasion et en marge des manifestions contre le contrat première embauche, est particulièrement explicite sur ce point ("assurer la nécessaire réactivité et l’indispensable fermeté vis-à-vis de ces actes de délinquance", "la procédure de comparution immédiate devra être privilégiée"). 42% des personnes poursuivies ont été traduites en
procédure de comparution immédiate.
On sait ce qu'implique une telle procédure expéditive. Fatigue, impossibilité de préparer sa défense... ou même de se laver avant le procès. Walid et Gabriel furent jugés le 24 mars à 4 heures du matin devant la 23ème chambre correctionnelle du TGI de Paris. L’audience avait commencé à 13h30... Ils avaient été interpellés le 21 mars au matin.

Comme en France il y a quelques semaines, la répression s'abat sur les étudiants grecs.
Les gouvernements bourgeois semblent recourir de plus en plus facilement à la répression. Cela ne fait que traduire leur faiblesse. Ils n'ont plus les moyens politiques de contenir la jeunesse, qui se fait de plus en plus contestataire.

3.6.06

La dérive du PS

Sans surprise, le PS poursuit sa dérive droitière. François Hollande a rendu hommage au « capitalisme familial » de Michelin en déclarant : « il y a comme une leçon : le capitalisme, quand il est maîtrisé, organisé, fidèle à son pays, voire même à sa région, peut aussi réussir à l’échelle du globe, sans pour autant être inhumain, oublieux des principes ».

Oui, il parle d’Edouard Michelin, qui en septembre 1999 annonçait 20 % d’augmentation des bénéfices et 7500 licenciements, devant lesquels Jospin s’était déclaré impuissant!

Alors? "Crève charogne" ? Il ne s'agit pas de cela. "Il ne s'agit ici des personnes qu'autant qu'elles sont la personnification des catégories économiques, les supports d'intérêts et de rapports de classe déterminés. Mon point de vue, d'après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire, peut moins que tout autre rendre l'individu responsable de rapports dont il reste socialement la créature, quoi qu'il puisse faire pour s'en dégager." (Marx, 1867, préface de la 1ère ed. du Capital).

Le problème n'est pas que Hollande ne mette pas en cause la personne de Edouard Michelin, le problème est qu'il affirme la possibilité d'un capitalisme "humain" (absurde!), "organisé" (c'est-à-dire? au bénéfice de qui?), "fidèle à son pays" (Comme pendant les conquêtes coloniales? Comme en 1914? Comme pendant la collaboration?). Le problème est donc qu'en diffusant ce genre d'inepties, le PS ne défend pas les intérêts des travailleurs.

Peu de temps après, Ségolène Royal, en campagne avant même d'être investie par son parti, proposait d'encadrer militairement les jeunes délinquants et de "remettre les familles au carré". Maréchal, nous voilà?
Nicolas Sarkozy s'est bien sûr délecté: "J'observe qu'elle trouve que je ne suis pas assez ferme mais elle n'a voté aucun de mes projets, de mes mesures, de mes budgets. Si elle me demande d'être plus ferme, qu'elle dise à ses amis de me soutenir. Ils ne seront pas déçus", a raillé le ministre de l'intérieur (et président de l'UMP).
L'un de ses lieutenants, le député Yves Jego, a estimé, sur le site de Libération, qu'il s'agissait d' "un virage à droite, manifeste et brutal". "Il faut lui proposer une carte à l'UMP", a-t-il lancé !

L'enjeu de la période actuelle est de préserver le rassemblement "antilibéral" en cours (cf. message précédent) de la moindre illusion vis-à-vis du PS. Il est urgent de défendre les intérêts des salariés, chômeurs et précaires! Si l'on peut "faire pression" sur le PS, ce n'est pas au sens où l'on pourrait les contraindre à appliquer un programme de rupture, anticapitaliste. C'est uniquement au sens où l'on peut leur arracher quelques mesures en construisant le rapport de force, en redonnant confiance aux exploités. Mais le gouvernement PS ne sera pas celui des travailleurs. La question posée aujourd'hui par le mouvement social est bien celle de l'organisation d'un grand parti anticapitaliste, nécessairement autonome vis-à-vis du PS.