30.11.07

Le vent qui tourne...

Après l'OPA sur Jean Jaurès et Guy Moquet, la droite réactionnaire voulait poursuivre son offensive visant à récupérer des symboles de gauche.

La mairie de Clermont-Ferrand est à gauche depuis la fin de la 2ne guerre mondiale. Un cas (presque) unique: seule la mairie de Limoges est dans la même situation.

Or, depuis des mois, Brice Hortefeux fait campagne à Clermont. Oui, Brice le lieutenant de Sarkozy. Brice le Ministre "de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du co-développement". Tout un symbole donc: le Brice prenant la Mairie de Clermont ce serait un peu comme John Wayne prenant le Kremlin.

Avec la prise du pouvoir, la prise de confiance.

Mais... vous savez quoi?

Finalement, Brice Hortefeux vient de renoncer. Terminator jette l'éponge. Il a beau expliquer que c'est en raison de son poste de Ministre, il doit y avoir autre chose... Parce que ces derniers mois, la perspective d'être à la fois maire et Ministre ne le gênait aucunement.

Leur politique aidant, Sarkozy et Fillon ont commencé à chuter dans les sondages. Il n'y a pas que les cheminots, les fonctionnaires et les étudiants à se mobiliser. On trouve des mécontents jusque dans les rangs des marins, des policiers et des hotesses de l'air. Ca vote plutôt à droite d'habitude... Alors est-ce que Brice commencerait pas à flipper un peu?

Il avait pourtant des "atouts" comme le rappelle Libération: son poste de Ministre des Collectivités Territoriales (sous Villepin) lui avait permis "de débloquer des subventions" dans le coin. Et puis il y a "le caveau de famille dans le département, son père conseiller municipal d'une petite commune, le grand-père maire après la Libération, l'aïeul fondateur d'une des entreprises concurrentes de Michelin". Sans oublier "son élection au conseil régional depuis 1992".

Mais voilà: cela ne semble pas suffire.
Alors très bon week-end!

20.11.07

réinventer l'anti-racisme

Il y a un mois et demi, je soulignais l'abjection du Monde qui appelait les immigrés à remercier les sénateurs de droite d'avoir voté une version amendée de la loi proposée par le Ministre de la Rafle et du Drapeau. Loi contenant bien d'autres mesures que celle des tests ADN.

Gérard Noiriel explique justement aujourd'hui, dans le "contre-journal" électronique de Libération, que le pouvoir a utilisé les tests ADN pour faire passer sans débat l'essentiel de sa réforme:

"Nous avons un train de retard. La stratégie des responsables de l'UMP intègre désormais nos protestations [...]
Les stratégies de pouvoir sont efficaces, en ce sens qu'elles imposent des problèmes d'actualité. Contester, c'est accepter le problème. J'ai fait une analyse de la campagne électorale de 2007, on voit parfaitement comment ce thème de l'identité nationale qui n'avait rien de neuf, a été repris, sans argument nouveau, par l'ensemble des grands partis politiques et par les médias comme quelque chose de fondamental. C'est de cette manière-là que Nicolas Sarkozy a récupéré les voix dont il avait besoin du côté du Front national pour gagner les élections. Aujourd'hui, le ministère de l'immigration et de l'identité nationale étant en place, il faut l'alimenter. On voit une stratégie qui vise à utiliser des mots qui font 'tilt' dans l'opinion. Ce n'est pas un hasard: ADN d'un côté, statistiques ethniques de l'autre. Et l'on est piégé, parce que d'un côté, on ne peut pas laisser passer ça, mais d'un autre côté, ces oppositions contribuent à en faire des thèmes considérés comme prioritaires pour la France [...]
Il faut mettre sur la table toutes ces questions. Y compris au niveau du vocabulaire. Parce que l'anti-racisme a tendance à tourner en rond [...]
Il faut réfléchir à la façon de reconstituer des fronts qui pourraient surprendre par rapport aux attentes du pouvoir. Des formes d'action inédites. Collectives."

Mais là, Noiriel botte en touche. Il rappelle sa démission (action courageuse, mais qui dont la forme n'est pas "inédite") et ajoute: "C'est la responsabilité des nouvelles générations de trouver ses solutions inédites"

19.11.07

Paroles

- Quelle est donc la parole de l'Etat après l'agression d'une institutrice de Grigny?
"La meilleure des préventions c'est la répression". (Gérard Moisselin, préfet de l'Essonne).

- Non, ce n'est pas un canular: dans le dernier numéro du "Point", Alain Duhamel tente de réhabiliter "Monsieur Thiers" (lire Fontenelle à ce sujet).

- A l'heure où la CFDT justifie son renoncement à la grève en affirmant "on gêne de plus en plus les usagers". A l'heure où les clubs réactionnaires financés par l'UMP (Stop la grève, UNI, Liberté Chérie) se répandent injures et contrevérités sur les grévistes, avec la complicité des médias, rappelons ces quelques mots de Jack London: "Judas Iscariote était un homme profondément digne en comparaison avec le briseur de grève. Car après avoir trahi son maître, il eut la force de caractère de se pendre. Le briseur de grève ne l'a pas".

15.11.07

26 comités locaux de Ni putes ni soumises ont démissioné "en bloc".


"La politique de ce gouvernement va à l'encontre de toutes les valeurs que Ni putes ni soumises a portées. Comment Fadela Amara a-t-elle pu laisser passer les tests ADN, les peines planchers ou la réforme de la justice des mineurs ? Quand je l'ai vue à la télé sourire derrière Christine Boutin, qui refusait toute réquisition de logement pour les familles de la rue de la Banque, je me suis dit : où sont passées ses convictions ?"

(Safia Lebdi, l'une des cofondatrices du mouvement)

Prolétaires de tous les pays...

Au moins 6 256 personnes ayant servi dans l'armée ont mis fin à leurs jours en 2005 rapporte la chaîne CBS dans une enquête diffusée le 14 novembre. Soit une moyenne de 120 suicides par semaine, 17 par jour...

L'enquête porte sur les 25 millions d'anciens militaires que comptent les Etats-Unis. 1,6 million d'entre-eux ont combattu en Afghanistan et en Irak. Le département des anciens combattants dépense 3 milliards de dollars par an pour des services spécialisés dans la santé mentale.

Une étude publiée la semaine dernière montre que les anciens combattants représentent un quart des sans-abri aux Etats-Unis, alors qu'ils ne représentent que 11 % de la population adulte. Selon l'étude, citée par le Times, au moins 1 500 anciens combattants des guerres d'Afghanistan et d'Irak auraient déjà été identifiés comme sans-abri. L'organisme chargé d'aider cette population (The National Alliance to End Homelessness) estime qu'en 2006 il y avait 195 827 vétérans sans-abri.

12.11.07

La manipulation "anti-grève"

Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement Supérieur, dénonce le caractère "politique et national" du mouvement de contestation dans les Universités. Les blocages sont "d'abord politiques" s'insurge-t-elle. Comme si la politique était sale. Mais que fait Valérie Pécresse, si ce n'est de la politique? Et que fait Nicolas Sarkozy, si ce n'est de la politique?

Depuis une semaine, les opérations manipulatoires contre les grèves sont lancées. Elles ont été soigneusement préparées par des conseillers en "com". Elles bénéficient de larges financements patronaux, de vastes relais médiatico-institutionnels et d'une élaboration très... politique. Voici 3 exemples (et une photo-souvenir!):

1/ C'est la Conférence des Présidents d'Université (CPU) qui a ouvert le bal. Pour son Président et porte-parole, Michel Lussaut: "l'appel à l'abrogation de la loi est un prétexte à une contestation contre le gouvernement. Il y a manifestement une orchestration pour qu'il y ait convergence des luttes… Les arguments avancés dans les assemblées générales relèvent le plus souvent du fantasme. A Tours, certains étudiants disent que grâce à cette loi, le président pourra recruter des contractuels et que le conseil d'administration va accueillir des patrons en son sein. Cela fait vingt ans que c'est le cas!".

Ce sont les arguments de Monsieur le Président de la Conférence des PDG d'Université qui "relèvent du fantasme". Cela fait 20 ans que la précarité des personnels croît dans tous les services publics, y compris à l'Université. Mais ce n'est pas une raison pour aquiescer, pour accepter! Encore moins pour accentuer ce phénomène. Or, cette loi va aggraver la précarité puisqu'elle légalise l'utilisation de CDD "pour occuper des fonctions techniques et administratives » et « pour assurer des fonctions d’enseignement et de recherche ». Cette loi va asservir l'Enseignement et la Recherche, puisqu'elle accorde un droit de veto aux Présidents pour les recrutements et les mutations de personnels (chapitre II, article 6). Cette loi va détériorer les conditions de travail puisqu'elle remet aux Présidents un contrôle concernant les services, les carrières et les choix scientifiques.

Bien sûr, cette intervention de la CPU n'a rien de politique. Elle n'a - bien sûr - rien à voir avec le fait que la Conférence des Présidents d'Université attend depuis longtemps cette nouvelle loi qui accorde des pouvoirs exorbitants... aux Présidents d'Université! La petite mise en scène de Michel Lussaut ne trompe personne.

2/ Après les Présidents d'Université, on entend beaucoup les anti-bloqueurs. "Les étudiants antiblocages sortent du silence" (Le Parisien). Mais, comme le remarque Sébastien Fontenelle:

Six mots, et, déjà, un mensonge, car dans la vraie vie, évidemment, les "antiblocages" (dont nul(le) ne sait au juste combien ils sont) ne sont pas du tout silencieux: les télés, qui n'aiment rien tant que lécher le fondement du gouvernement, se sont même fait une priorité absolue de leur tendre leurs puants micros. Ce minuscule détail n'empêche absolument pas Le Parisien de faire comme si une "majorité silencieuse" de "milliers d'étudiants mécontents d'être privés de cours" était aussi privée de tout moyen de communication.

Le Parisien a donc "donné" ce matin "la parole" à ces milliers de vrais-faux sans-voix.Pour ce faire, Le Parisien a rencontré, à Jussieu, "Aymeric et ses camarades" - soit, tout de même, six témoins.(Quand Le Parisien, affirme que des milliers d'étudiants sortent du silence, qu'est-ce que ça veut dire, par conséquent? Ca veut dire que six étudiants ont répondu aux questions d'un (courageux) envoyé spécial du Parisien...)

Le Parisien l'affirme: Aymeric et ses potes "sont des étudiants de 20 ans "absolument pas politisés"".Or, tu le sais, ami(e): quand un mec se pointe, et te balance crânement qu'il n'est pas (du tout) politisé, il s'agit, soit d'un pauvre neuneu égocentré, soit d'un admirateur (plus ou moins) caché du régime qui veut privatiser les facs.(Il peut aussi être l'un et l'autre.)

Là, par exemple? Le Parisien, je le répète, nous assure qu'Aymeric et ses copains ne sont absolument pas politisés. Penses-tu. Mais si tu regardes bien ce qu'ils disent, tu réalises qu'ils mettent leurs pas dans les pas de Valérie Pécresse (et des médias qui mentent), et caquètent, au mot près, que le gréviste moyen est une "caricature" de "gaucho".

D'ailleurs, Le Parisien finit par cracher le morceau - sans même réaliser, je le crains, que ces quelques mots trahissent un foutage de gueule de très gros niveau: "Les six amis comprennent d'autant moins les blocages prévus qu'ils n'ont rien contre la loi Pécresse".Et en effet, non seulement ils n'ont rien contre, mais ils seraient même plutôt pour, estimant que: "Si elle peut encourager les entreprises privées à investir chez nous (à Jussieu), c'est une bonne chose".

Voilà donc des gens qui parlent exactement comme le régime, qui disent tout haut ce que Valérie Pécresse (et le MEDEF) disent tout haut - mais Le Parisien, où l'on doit quand même nous prendre pour des gros(ses) débiles, nous promet qu'ils ne sont pas du tout politisés.Ca porte un nom: c'est de l'intoxication. Et bien évidemment, elle a une fonction: elle vise à entériner le discours officiel d'un régime qui a finalement compris que l'automne serait chaud pour sa gueule, et qui essaie, de toutes ses forces, de minimiser l'ampleur d'un mouvement social qui ne cesse de gagner en puissance.D'un régime qui met partout son idéologie dégueulasse, mais qui veut nous faire croire que l'enfer idéologique, c'est les autres, les grévistes.

3/ Les "syndicats" de droite. L’UNI est en train de se structurer, des affiches "anti-grèves" fleurissent aux abords des Universités. Une délégation de l’UNI-Lycée a été reçue par la Ministre - Mme Valérie Pécresse - mardi 23 Octobre 2007.
Comment est financée l’UNI ? On peut s'interroger. D'autant que l'on sait maintenant qu'il existe des caisses anti-grèves financées par le patronat. Comme celle de l’UIMM-Medef. A elle seule, cette caisse secrète se chiffre en millions d’euros. En liquide.
Cette fortune en liquide permet de "fluidifier les relations sociales". C'est Denis Gautier Sauvagnac qui le dit, et il est bien placé pour le savoir. La police (le Tracfin) a découvert cette caisse noire le 26 septembre. Une enquête est ouverte. Mais juste une enquête préliminaire : faudrait pas pousser, hein? Depuis 48 jours, la Ministre de la justice a “oublié” d’ouvrir une enquête... Elle n’a pas nommé de juge d’instruction... Madame Dati semble hésiter: est-ce que détourner quelques millions d'euros constitue un délit ?

Au fait, comme de nombreux membres de l'UMP, Sarkozy est un ancien de l’UNI... Voici sa photo (avec les cheveux longs) en 1976 en tête d’un cortège d’étudiants antigrévistes... Déjà ! Il s’apprête aujourd'hui à faire déferler une propagande contre les étudiants et les salariés (personnels d’Air France, cheminots, gaziers, fonctionnaires etc) pour soumettre les Universités à la concurrence et allonger la durée de cotisation de TOUS les salariés (41 ans, 42...) .

9.11.07

Gloire à Doudou Diène !

Mercredi 7 novembre. Pour illustrer son discours sur la "banalisation politique" du racisme, Doudou Diène a accusé Nicolas Sarkozy de s'être inscrit dans "une dynamique de légitimation du racisme".
M. Diène a également dénoncé "la criminalisation et le traitement exclusivement sécuritaire des questions relatives à l'immigration". "En France, le projet de loi introduisant les tests ADN dans la procédure de traitement administratif des postulants au regroupement familial constitue aussi une illustration de cette stigmatisation de l'immigré", a-t-il ajouté.

Ces paroles n'ont pas été prononcées à la fin d'une manifestation, mais lors d'une session de la 3ème commission de l'Assemblée générale des Nations unies. Doudou Diène est le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.

Bien sûr, le représentant de la France au sein de la troisième commission a répliqué en jugeant les accusations du rapporteur "infondées et irresponsables". Le président français "a réaffirmé dans ses discours et ses actes que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités", a expliqué le diplomate, qui a assuré que les tests ADN ne seraient pratiqués que "sur une base volontaire".

Mais les critiques de Doudou Diène n'avaient rien "d'infondées".

"La criminalisation" des immigrés est bien un processus à l'oeuvre: rafles, fichage, sous les yeux d'une population trop souvent indifférente...

Le Président français - je veux dire "ses discours et ses actes" - s'inscrivent effectivement dans une dynamique de légitimation du racisme. Le discours de Dakar est raciste (voir ici et ). Ajoutons quelques meetings et quelques "lettres aux rapatriés" à caractère nationalistes et colonialiste. Pour les actes... il suffit de suivre l'actualité législative.

Aussi Doudou Diène a-t-il repris la parole: "Il était essentiel que le président français, Nicolas Sarkozy, sache que le discours de Dakar a causé une blessure profonde". "Dire devant des intellectuels africains qu'ils ne sont pas entrés dans l'histoire s'inspire des écrits racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles".
Merci M. Diène.

7.11.07

"Moi j'ai travaillé Monsieur"


Sarkozy s'énerve à Guilvinec
Vidéo envoyée par LePost

Les spéculations vont bon train sur les paroles du marin-pêcheur qui ont provoqué l'énervement et les risibles bafouillements de Sarkozy.

"140%!"... ça on l'entend distinctement. Dans une autre séquence vidéo, Sarkozy a quand même le culot de répondre à un marin qui se référait lui aussi à sa scandaleuse augmentation: "vous savez que ce n'est pas vrai". Effectivement. La presse vient d'ailleurs de rectifier: c'est une augmentation de 172% et non de 140% que les députés UMP viennent d'attribuer au Président (qui est aussi le patron de l'UMP).

Déstabilisé, Sarkozy a la bêtise de rétorquer: "si tu crois que c'est comme ça que l'on va résoudre les problèmes des pêcheurs". Il oublie sans doute qu'il parle justement... à un pêcheur! D'ailleurs, face à eux il s'exprime exactement de la même façon que sur la dalle d'Argenteuil, lorsqu'il avait employé le terme "racaille" pour la première fois...

Sarkozy roule des mécaniques. Qu'il est facile d'apostropher un marin ("Descends un peu le dire!" ) lorsque l'on est entouré d'une meute de gardes du corps.

Face aux marins, Sarkozy se vante d'être venu, de ne pas être resté à l'Elysée comme ses prédécesseurs. Mais le mépris Présidentiel est évident lorsque Sarkozy se détourne de cette femme qui lui dit: "Moi, j'ai travaillé Monsieur". Face à elle, il sent qu'il n'est pas de taille. Que ses actes ne sont pas conformes à son discours de campagne sur la nécessité d'aider "la France qui se lève tôt". La femme ajoute juste: "Laisse moi causer un peu". Et que trouve-t-il à répondre? "Si vous parlez comme ça je ne vous parle pas".

La séquence vidéo ne permet pas de tout entendre. Et j'ai lu d'intéressantes suggestions à propos de la phrase qui a suscité le pétage de plomb du Président. Par exemple:
"Tu serais pas foutu de pêcher un cachalot dans la piscine de Bolloré !".