3.6.06

La dérive du PS

Sans surprise, le PS poursuit sa dérive droitière. François Hollande a rendu hommage au « capitalisme familial » de Michelin en déclarant : « il y a comme une leçon : le capitalisme, quand il est maîtrisé, organisé, fidèle à son pays, voire même à sa région, peut aussi réussir à l’échelle du globe, sans pour autant être inhumain, oublieux des principes ».

Oui, il parle d’Edouard Michelin, qui en septembre 1999 annonçait 20 % d’augmentation des bénéfices et 7500 licenciements, devant lesquels Jospin s’était déclaré impuissant!

Alors? "Crève charogne" ? Il ne s'agit pas de cela. "Il ne s'agit ici des personnes qu'autant qu'elles sont la personnification des catégories économiques, les supports d'intérêts et de rapports de classe déterminés. Mon point de vue, d'après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire, peut moins que tout autre rendre l'individu responsable de rapports dont il reste socialement la créature, quoi qu'il puisse faire pour s'en dégager." (Marx, 1867, préface de la 1ère ed. du Capital).

Le problème n'est pas que Hollande ne mette pas en cause la personne de Edouard Michelin, le problème est qu'il affirme la possibilité d'un capitalisme "humain" (absurde!), "organisé" (c'est-à-dire? au bénéfice de qui?), "fidèle à son pays" (Comme pendant les conquêtes coloniales? Comme en 1914? Comme pendant la collaboration?). Le problème est donc qu'en diffusant ce genre d'inepties, le PS ne défend pas les intérêts des travailleurs.

Peu de temps après, Ségolène Royal, en campagne avant même d'être investie par son parti, proposait d'encadrer militairement les jeunes délinquants et de "remettre les familles au carré". Maréchal, nous voilà?
Nicolas Sarkozy s'est bien sûr délecté: "J'observe qu'elle trouve que je ne suis pas assez ferme mais elle n'a voté aucun de mes projets, de mes mesures, de mes budgets. Si elle me demande d'être plus ferme, qu'elle dise à ses amis de me soutenir. Ils ne seront pas déçus", a raillé le ministre de l'intérieur (et président de l'UMP).
L'un de ses lieutenants, le député Yves Jego, a estimé, sur le site de Libération, qu'il s'agissait d' "un virage à droite, manifeste et brutal". "Il faut lui proposer une carte à l'UMP", a-t-il lancé !

L'enjeu de la période actuelle est de préserver le rassemblement "antilibéral" en cours (cf. message précédent) de la moindre illusion vis-à-vis du PS. Il est urgent de défendre les intérêts des salariés, chômeurs et précaires! Si l'on peut "faire pression" sur le PS, ce n'est pas au sens où l'on pourrait les contraindre à appliquer un programme de rupture, anticapitaliste. C'est uniquement au sens où l'on peut leur arracher quelques mesures en construisant le rapport de force, en redonnant confiance aux exploités. Mais le gouvernement PS ne sera pas celui des travailleurs. La question posée aujourd'hui par le mouvement social est bien celle de l'organisation d'un grand parti anticapitaliste, nécessairement autonome vis-à-vis du PS.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le PS déconne, bah ouais, ça vous étonne?

Philippe a dit…

Non ça n'a rien d'étonnant, mais le virage à droite s'accentue.
Voici d'ailleurs un message d'un porte-parole de la gauche du PS:

> Bien que la grande presse ait fait silence sur ce point essentiel
> du Bn du Ps du 30 mai, nous étions les seuls, Marc Dolez et Gérard
> Filoche, à ce Bn à y demander vrai débat, libre choix, libre
> décision entre projets, et amendements
>
> Il a fallu attendre le lendemain pour que d´autres communiqués,
> demandent la démocratie, le débat, la possibilité éventuelle
> d´amender et de voter...
>
> Pourtant "le projet" officiel présenté le 30 mai est le plus
> "droitier" de tous les projets socialistes, disons depuis
> 1996... C´est un recul presque sur toutes les grandes questions
> sociales, salaires, retraites, 35 h, droit du travail, Sécu, et sur
> l´axe d´une transformation sociale...
>
> Alors que dans notre pays, la gauche toute entière est plus
> exigeante à gauche, le "projet" qui est sur la table
> actuellement est plus modéré que jamais, plus social libéral que
> les précédents de 2002 ou 1997 !
>
> La grande presse a donc fait silence sur l´abandon par le Ps de la
> retraite à 60 ans... Que seuls Marc Dolez et Gérard Filoche
> défendent dorénavant... Sur l´abandon d´une nouvelle loi sur
> les 35 h et sur les licenciements... Sans parler de tous les autres
> reculs...
>
> Choisir "la retraite à la carte", c´est non seulement brader
> la parole solennelle du Parti socialiste à Dijon, mais c´est
> reprendre le mot d´ordre du Medef, et renoncer à l´ordre public
> qui protégeait dans notre pays le "droit à la retraite" à un
> âge donné pour toutes et tous...
> Même la droite, même Fillon n´avaient pas osé cela !
> Cela ouvre la porte à la fin de la durée légale du travail, aux
> grandes lois d´ordre public social, c´est l´acceptation
> solennelle du "contrat de gré à gré", ambition du Medef pour
> détruire le Code du travail, qui remplacera le contrat collectif et
> la loi. Ce sera la "séparabilité" sur la fin de vie... Après
> la "séparabilité" et la mobilité sur toute la vie...
> Puisqu´il n´y a rien dans le projet sur le droit du
> licenciement, rien sur une nouvelle loi pour de vraies 35 h, etc...
>
> Gérard Filoche

Anonyme a dit…

Effectivement... au vu du nouveau "projet" du PS, c'est encore pire que ce que je pensais.

Comme diraient mes potes anars: P comme pourris, S comme salops ? (euh, le "?" c'est ma touche perso, les anars s'en passent...)

Philippe a dit…

Bravo pour ton engagement même si je ne partage pas ton orientation: mieux vaut être dans la gauche du PS que de ne rien faire!
Voici des éléments de réponse à ta question.
Il y a des points positifs mais il me semble que:

1/ Certaines propositions sont moins à gauche qu'il n'y paraît (le SMIC à 1500 euros... brut! Pour quand? "Le plus tôt possible dans la législature" dis le projet. On ne peut faire plus flou. Quand on sait que la hausse automatique du SMIC le portera bientôt à 1500 euros bruts, on voit que le gouvernement ne fera pas là un bien grand effort pour les salariés, c'est 1500 euros nets qu'il faut revendiquer!).

Quant au mariage homo, cela me laisse indifférent car je suis contre le mariage (je vis avec qqun depuis 10 ans, peu importe son sexe, et je n'ai pas l'intention de me marier). Le combat pour les droits des homo ne doit pas se transformer en combat pour avoir le droit d'être aussi cons que les autres. Un peu comme lorsque le PSE a voté au Parlement européen une loi autorisant le travail de nuit des femmes... au nom de l'égalité! Délirant!

2/ Qu'entends-tu par "Mise en place d’une nouvelle reforme des retraites avec un rapport 50% Travail 50% Capital (pour info : la reforme de la droite vise a 96% le Travail et a 4% le Capital)" Tu peux préciser ???!!!
En outre, avant toute réforme, il faudrait abroger celle de Fillon... ce qu'affirme bien le programme mais je pense que le PS ne le fera pas (j'espère me tromper!):
"Elle sera abrogée. Son remplacement fera l’objet d’une large négociation": est-ce que cela veut dire que l'abrogation aussi sera négociée avec le patronat (et donc n'aura pas lieu)

3/ La question est SURTOUT de savoir si le PS va effectivement mettre en oeuvre les autres points.
Ce n'est pas un procès d'intention. Un seul exemple (j'ai écrit ça il y a quelques temps):

«Notre position n’est pas de privatiser France Telecom» avait affirmé Lionel Jospin en mai 1997. Tout citoyen convaincu de la volonté du gouvernement «socialiste» de mettre fin à la procédure enclenchée par le gouvernement Juppé, eut de quoi être surpris lorsque quelques mois plus tard, l’Etat vendait 22,5% du capital aux actionnaires privés.
Bien sûr, il ne s’agissait que «d’ouvrir le capital» et non de privatiser. Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault, déclarait même en septembre 1997 : «c'est une ouverture, somme toute modeste, qui s'inscrit dans un projet industriel conquérant». C’est d’ailleurs le maintien de la présence majoritaire de l’Etat qui a permis d’éviter la faillite de France Telecom, devenue au fil des projets de conquêtes et de spéculations l’entreprise la plus endettée de l’histoire du capitalisme français.

Une fois les cours des actions repartis à la hausse, le dépeçage a repris. En septembre 2004, la part de l’Etat dans le capital est passée sous les 50%. Pour les salariés, la principale conséquence de cette privatisation rampante fut le développement, ces dernières années, du recours à des entreprises sous-traitantes qui privilégient les contrats précaires. L’entreprise Constructel, qui a fait mettre en place des poteaux pour France Telecom par des travailleurs portugais aux conditions salariales portugaises, demeure un cas isolé. Mais il révèle bien la pression à laquelle sont soumis TOUS les sous-traitants. La «réduction des charges d’exploitation» tant vantée par Thierry Breton lorsqu’il était PDG de France Telecom, c’est l’accroissement de l’exploitation des travailleurs et la réduction de la masse salariale.
Devenu ministre des finances, le PDG poursuit l’œuvre de ses prédécesseurs sociaux-libéraux : il a enclenché dimanche 5 juin 2005 une vente de plus de 150 millions d’actions de France Telecom, portant ainsi la participation de l’Etat à un niveau compris entre 33% et 35%.du capital. On nous annonce cette fois que l’Etat "entend demeurer un actionnaire significatif » : on est rassuré…