17.3.07

UMP: le bilan (5)

Nous serons bientôt le 20 mars 2007. Triste anniversaire que celui des 4 ans d'occupation de l'Irak par les troupes impérialistes.
S'il est un point positif, un seul, dans le bilan de Chirac, c'est d'avoir refusé de participer à l'agression contre l'Irak. Or, sur le plan des relations internationales, Sarkozy semble désireux de balayer l'héritage gaulliste.


Episode1
. Lors de son voyage à Washington, le 12 septembre dernier, pour une rencontre avec George Bush, Sarkozy avait déclaré que la France n'était "pas exempte de reproches" dans sa relation avec les Etats-Unis. Devant la French American Foundation, il a dénoncé "l'arrogance française" (allusion transparente à Chirac-Villepin) et a même fait preuve de son allégeance vis-à-vis de la puissance dominante: "Il n'est pas convenable de chercher à mettre ses alliés dans l'embarras ou de donner l'impression de se réjouir de leurs difficultés" . Avec Sarkozy cela ne risque pas d'arriver: "Plus jamais nous ne devons faire de nos désaccords une crise". Cette dernière phrase est extrêmement claire.

Chirac n'a pas tardé à réagir. "Irresponsable", "Lamentable" a-t-il lâché en privé (Libération, 18 sept. 2006). Pour une fois, on ne le contredira pas.

Episode 2. Toujours à l'automne 2006, Sarkozy accorde un entretien à la revue néo-conservatrice Le Meilleur des Mondes. J'écris néo-conservatrice parce que ses collaborateurs (Glucksman, Bruckner & Cie) sont tous des laquais de l'impérialisme américain ayant défendu l'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak. En outre, la revue est soutenue par la Foundation for the Defense of Democracies. Ce think tank compte dans ses rangs de nombreux amis d'Ariel Sharon, l'ex-directeur de la CIA James Woolsey, et quelques piliers du mouvement "neo-cons" (Bill Kristol, Richard Perle etc.).

Se souvenant sans doute des critiques suscitées par ses propos de septembre, Sarkozy est ici un peu plus prudent. Il admet qu'on a le droit d'avoir des désaccords avec la politique des USA (merci!). Mais quand même. "Nous partageons les mêmes valeurs, nous sommes riverains du même océan, ils sont la première puissance économique, militaire et monétaire. Nos enfants rêvent de la musique américaine et des films américains". En fait, tout cela ne contredit pas les propos tenus à Washington. Rappelons-nous: des "désaccords" oui, une "crise" non (enfin, une crise à l'ONU: l'opposition de Chirac à Bush s'arrête là...). Les centaines de milliers de victimes, les bombes au phosphore, la torture: pour Sarkozy, cela ne vaut pas une "crise" avec la puissance dominante. Nous "partageons les mêmes valeurs", nous avons juste quelques désaccords qui ne prêtent pas à conséquence.

En outre, Sarkozy rappelle avec fierté: « Mon premier voyage comme président de l’UMP était en Israël pour rencontrer Sharon ». Cet empressement à serrer la paluche d'un criminel de guerre... Non, vraiment pas de quoi être fier.

Episode 3.
Hiver 2006-2007. L'élection se rapproche. Ca y est Sarkozy le promet: il peut dire "non" à l'administration américaine et considère l'invasion de l'Irak comme "une erreur". Vous y croyez, vous?
D'ailleurs il laisse encore échapper quelques affirmations inquiétantes. Dans un entretien accordé en mars 2007 au mensuel Défense et Sécurité Internationale, Sarkozy affirme: "Parce que notre sécurité se joue de plus en plus loin de nos frontières, nous devons par ailleurs être attentifs à la consolidation de nos capacités de projection et de frappe dans la profondeur". La France est une nation impérialiste. Elle doit pouvoir frapper partout. Il en va de sa sécurité... Ca ne vous rappelle pas la rhétorique d'un certain Texan qui parle à Dieu?
L'idée semble importante pour Sarkozy puisqu'il y revient dans le même entretien: "des besoins capacitaires ne sont pas aujourd’hui suffisamment pris en compte, en particulier la frappe dans la profondeur".

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